Alia Simona est une vétérinaire de formation, de père irakien et de mère roumaine. Agée de 30 ans, elle vit en Algérie depuis qu'elle avait à peine quelques mois puisqu'elle est née de parents coopérants. Ces derniers s'étaient installés tout d'abord à Merouana (Batna) puis à Sétif, avant d'élire domicile à Blida, et ce, depuis 1987. La coupure avec la ville des Roses s'est faite seulement entre 1994 et 1997 pour cause d'insécurité. N'étant pas de nationalité algérienne et n'ayant pas pu avoir l'équivalence de son doctorat soutenu à l'université de Cluj en Roumanie, au pays du fameux Dracula, et comme par hasard un certain 5 juillet, elle n'a pas trouvé mieux à faire que de profiter du sol algérien, très riche en flore, plus particulièrement ses plantes médicinales, pour se lancer dans la phytothérapie. Grâce à l'aide de sa mère, une enseignante à l'université de Blida, Simona, spécialisée notamment dans les plantes médicinales, « concocte » des recettes dont elle seule a le secret pour soigner plusieurs maladies. « En Roumanie, la terre est moins généreuse qu'en Algérie. Paradoxalement, la phytothérapie y est beaucoup plus développée. J'essaie avec ma mère de profiter de ce savoir-faire et de notre collaboration avec les associations de phytothérapeutes roumains. En parallèle, nous fouinons depuis une année dans la riche flore algérienne, avantagée par une terre avenante et un climat varié, pour préparer des recettes bénéfiques contre plusieurs maladies », dira-t-elle. Dans sa boutique située à Ouled Yaïch (Blida), elle nous a énuméré des préparations pour soulager, notamment, l'hernie discale, le pincement des vertèbres, l'étirement, l'arthrose, les douleurs musculaires, l'anxiété, l'acné, l'eczéma et les problèmes dermatologiques. Elle prépare aussi des mixtures et des sirops pour traiter la toux, les troubles de la mémoire, la fatigue morale et physique, les varices, le rhumatisme, l'anorexie, l'obésité, la conjonctivite, l'impuissance sexuelle… « Mes plantes de base sont généralement l'acacia (famille des mimosas), la passiflore, connue pour son action sédative, la malva et le souci. La région de Bouira recèle, à elle seule, un trésor de plantes médicinales qui mérite d'être valorisé. Ma mère, qui prépare son professorat en agronomie, avait introduit en Algérie les triticales à Batna (variété de blé), il y a plus de 20 ans ». « Deux variétés de haricot roumain se sont facilement adaptées au climat de la Mitidja », ajoutera-t-elle ; une manière de faire appel à tout ceux qui veulent profiter de la générosité du sol algérien pour venir « investir » dans ce créneau. A propos de l'idée que se font les Roumains des Algériens, Simona nous apprendra qu'ils pensent que ces derniers sont noirs de peau et ils sont à chaque fois stupéfaits en me voyant garder toujours le teint clair. Les relations entre les deux pays ne sont pas importantes. D'après elle, ils sont une cinquantaine de Roumains qui vivent en Algérie. Il y a, à titre d'exemple, la convention qui lie l'université de Blida à celle de Cluj, une ville qui abrite le plus grand institut du cœur de l'Europe. « Une fois, j'ai quand même trouvé une tablette de chocolat fabriquée à El Harrach qui se vendait en Roumanie », ironise-t-elle. Simona nous a appris qu'elle entreprend des démarches avec un de ses cousins, lequel possède une agence de voyages, pour inciter les touristes roumains à venir chez nous pour profiter de notre généreux ciel et des vertus de nos plantes !