Le scandale du blocage du projet d'usine de trituration de graines oléagineuses de Cevital prend de plus en plus l'allure d'un sabotage économique pur et dur. Bientôt 500 jours déjà que les autorités portuaires, agissant sans doute sous influences, s'acharnent vaille que vaille à empêcher tout débarquement de matériel industriel de Cevital destiné à son projet d'usine de trituration devant être implantée à Béjaïa. Sans aucun justificatif clair, ni référence à un quelconque texte réglementaire connu... Bloqués d'abord au port de Béjaïa plusieurs mois durant, les équipements destinés au projet d'une usine de trituration de Cevital avaient fini, pendant un bref moment, par être dûment et légalement déchargés et dédouanés début juillet dernier au port de Skikda, avant qu'un nouveau scandale n'éclate, révélant au grand jour l'existence de réelles velléités de sabotage. En effet, l'ordre avait alors vite été donné de saisir le matériel dédouané et d'exiger à ce qu'il soit réexporté, au mépris même de la réglementation en vigueur. Car, comme le mettait si bien en évidence le groupe Cevital dans sa réaction rapportée par la presse, les équipements déjà autorisés à être importés ne pouvaient faire légalement l'objet d'une quelconque revente ou réexportation en l'état. Qui plus est, le responsable assumant ouvertement l'ensemble de ces décisions, pour le moins discrétionnaires, n'est autre que l'ancien directeur de l'entreprise portuaire de Béjaïa, Djelloul Achour, porté depuis à la tête du Groupe des services portuaires (Serport), où il a pu étendre son pouvoir de blocage à tous les ports du pays. Comme pour parer à toute éventualité d'un dédouanement des équipements du groupe Cevital, la direction de Serport a ainsi instruit officiellement tous les présidents-directeurs généraux et directeurs généraux des ports algériens de refuser le débarquement de conteneurs contenant le matériel industriel de Cevital destiné à son projet d'usine de trituration de graines oléagineuses à Béjaïa. «J'ai l'honneur de vous demander de ne pas procéder au débarquement de conteneurs du matériel destiné pour l'usine de trituration pour le compte de Cevital», avait signifié en ce sens la direction de Serport aux DG et PDG de tous les ports algériens, dans une instruction datée du 18 juillet dernier. Poussant l'acharnement plus loin, la même instance indique aux responsables des différents ports du pays que dans le cas où le matériel industriel en question aurait déjà été déchargé, il faudrait «demander aux services des douanes son réembarquement et sa réexportation», tout en informant, par ailleurs, «les armateurs que les conteneurs contenant du matériel destiné à l'usine de trituration pour le compte de Cevital ne seront pas débarqués au niveau des ports». Que dire !? Sinon que de telles instructions, qui ne s'appuient sur aucune référence réglementaire claire, laissent entrevoir à quel point Serport cherche absolument à faire en sorte que les équipements de Cevital ne puissent jamais être déchargés et dédouanés dans aucun port du pays. Après l'épisode sordide, où il a été fait état, en guise d'argument officiel à ce blocage, d'une absence d'autorisations de la part «des autorités compétentes» et sans dire lesquelles, la toute récente sortie médiatique du premier responsable de Serport est venue, si besoin, conforter encore davantage la thèse d'une simple entreprise de sabotage contre les projets du groupe Cevital. Documents officiels à l'appui, le groupe, dirigé par le célèbre homme d'affaires Issad Rebrab, avait démontré avant-hier que contrairement à ce que Djelloul Achour avait prétendu la veille dans la presse, le matériel destiné à l'usine de trituration de Cevital avait été bel bien dédouané légalement auparavant au niveau du port de Skikda, avant d'être quand même bloqué à nouveau par l'entremise de certains cercles influents... Enième rebondissement en somme, dans une affaire de sabotage économique, qui reste sans doute loin d'être close et dont le préjudice est porté ni plus ni moins à l'investissement productif, la création d'emplois et, au bout, aux perspectives de voir enfin l'économie nationale être plus compétitive à l'exportation.