La nouvelle mission de Djelloul Achour ne consiste pas en le lancement d'une quelconque stratégie de développement de l'activité portuaire, mais à étendre le blocage du projet de Cevital à l'ensemble des ports algériens ! La cabale menée depuis plus d'un an et demi contre le groupe Cevital par des cercles occultes ne semble pas près de connaître son épilogue. Bien au contraire, ceux qui ont décidé de nuire au fleuron du secteur industriel privé en Algérie continuent à s'acharner contre ce dernier, en imposant la loi de l'omerta visant à maintenir le blocage de son investissement économique consistant en la réalisation, à Béjaïa, d'une usine de trituration de graines oléagineuses. En effet, après le scandale du port de Skikda qui a mis à nu la mainmise d'un cercle occulte d'oligarques, dont on cite Rédha Kouninef, sur le pouvoir décisionnel au sommet de l'Etat, voilà qu'une autre machination ourdie contre le groupe Cevital éclate au grand jour. Le comble est que l'instigateur principal de cette énième manœuvre contre le projet de Cevital à Béjaïa n'est autre que l'ancien directeur général de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), Djelloul Achour, qui occupe actuellement le poste de P-DG du Groupe Services Portuaires (Serport), relevant du ministère des Transports et des Travaux publics. La dernière trouvaille de M. Achour consiste à adresser une instruction, datée du 18 juillet dernier, à tous les présidents-directeurs généraux et directeurs généraux des ports algériens, leur demandant de refuser le déchargement de conteneurs renfermant les équipements industriels de Cevital destinés à son projet d'usine de trituration de graines oléagineuses à Béjaïa. Une façon d'élargir le blocage du projet de Cevital prise initialement par l'ex-DG de l'EPB à l'ensemble des ports d'Algérie. Et ce, afin d'éviter que le scandale du port de Skikda ne se reproduise dans une autre ville portuaire. "J'ai l'honneur de vous demander de ne pas procéder au débarquement de conteneurs contenant du matériel destiné à l'usine de trituration pour le compte de Cevital", a écrit, dans sa missive, Djelloul Achour, en sa qualité de premier responsable de Serport, aux DG et P-DG de tous les ports algériens. Et au cas où les conteneurs de Cevital seraient déjà déchargés, les responsables des ports sont tenus de "les maintenir dans le port et de demander aux services des douanes leur réembarquement et leur réexportation", ajoute-t-il dans la même l'instruction, sans adosser pareille instruction à aucun texte réglementaire. "Aussi, je vous demande d'informer les armateurs que les conteneurs contenant du matériel destiné à l'usine de trituration pour le compte de Cevital ne seront pas débarqués au niveau de vos ports", écrit encore Djelloul Achour dans sa correspondance officielle. L'acharnement du P-DG de Serport contre le groupe Cevital, après le scandale du port de Skikda, nous permet aujourd'hui de tirer au moins deux enseignements majeurs. Primo, les parrains de Djelloul Achour ne sont pas prêts à lâcher du lest. Au moins jusqu'à la réalisation de l'usine des Kouninef, Nurtis, en phase de réalisation à l'intérieur du port de Jijel. Autrement dit, les tenants du "pouvoir parallèle", qui en veulent au groupe Cevital, semblent déterminés à maintenir le statu quo, ne laissant aucune lueur d'espoir de voir, enfin, se concrétiser le projet de Cevital à Béjaïa. Secundo, l'ancien directeur général du port de Béjaïa doit sa promotion à son allégeance à ses tuteurs qui lui confient l'exécution de la sale besogne. Tout compte fait, la promotion de l'ex-DG de l'EPB s'apparente à une véritable récompense pour avoir bien servi ses parrains qui, en le hissant à ce poste supérieur, lui ont conféré le pouvoir de régner, dans leurs intérêts exclusifs, sur l'ensemble des ports d'Algérie. Ainsi, la nouvelle mission de Djelloul Achour devient désormais plus claire. Elle ne consiste pas en le lancement d'une quelconque stratégie de développement de l'activité portuaire, mais simplement à étendre le blocage du projet de Cevital à l'ensemble des ports algériens ! Et à veiller au maintien de ce blocage. Le sabotage est signé. La main de Djelloul Achour, l'ombre de Kouninef Pour rappel, la genèse de cette affaire de blocage des équipements industriels importés par Cevital remonte au début de l'année 2017. En effet, cela fait presque 500 jours que Djelloul Achour, alors DG du port de Béjaïa, avait refoulé les conteneurs de Cevital, refusant leur déchargement sous prétexte que le projet d'usine de trituration de graines oléagineuses, initié par ce groupe privé à Béjaïa, est soumis à une autorisation des autorités compétentes. Ensuite, il avancera un autre argument aussi fallacieux, en déclarant sur les ondes de la radio Soummam de Béjaïa que ce genre d'unité industrielle ne peut être implanté dans le périmètre du port. Tous ces prétextes inventés de toutes pièces par l'ex-DG de l'EPB ont été battus en brèche par le groupe Cevital qui a acquis un terrain dans la zone extraportuaire, destiné à accueillir son usine de trituration de graines oléagineuses. Néanmoins, en dépit de la légalité de la transaction immobilière de Cevital qui a eu l'aval de toutes les institutions de l'Etat (Conservation foncière, Domaines, APC...), son projet d'investissement, qui devrait créer pas moins d'un millier de postes d'emploi direct, sans compter les recettes fiscales et parafiscales, continue de faire face à un blocage délibéré et injustifié. Pour preuve, la dernière mésaventure de Cevital, qui remonte au début du mois de juillet dernier, en dit long sur la volonté délibérée de maintenir le blocage du projet initié par ce groupe privé à Béjaïa. En voulant contourner le blocage imposé par le port de Béjaïa, les responsables de Cevital ont réussi à importer leurs équipements industriels depuis la Belgique, en passant par le port de Skikda. Dans un premier temps, lesdits équipements ont été déchargés, dédouanés et sortis du port. Preuve, s'il en était encore besoin, que rien, au plan légal, ne s'oppose à l'importation de ces équipements et à la réalisation de l'usine projetée, lorsque le pouvoir parallèle ne s'en mêle pas. Mais la main de Kouninef et de ses amis, qui ont pignon sur rue, n'a pas tardé à entrer en scène. Toutefois, les conteneurs de Cevital finiront par être repris, quelques jours après, sur instruction de la direction du port de Skikda qui, elle-même, a reçu une injonction occulte. Autrement dit, l'ordre de saisir la marchandise de Cevital, qui, faut-il le souligner, a été contrôlée et dédouanée en bonne et due forme par l'ensemble des services de l'Etat, est venu d'"ailleurs". Sans doute des tuteurs du P-DG de Serport, Djelloul Achour. La machine du blocage de ce projet est plus que jamais mise en branle ! L'affaire n'a pas fini de faire des vagues, aussi bien dans le pays qu'à l'étranger. Elle a sûrement un coût, non seulement économique, mais aussi politique. Un coût de plus que supportera l'Algérie. KAMAL OUHNIA