À court d'arguments pour légitimer le blocage projet de Cevital, le P-DG de Serport multiplie les pas de danse ratés, faisant fi des convenances tant en matière de communication institutionnelle qu'en termes de véracité lorsqu'il s'agit d'apposer des justificatifs à ses agissements douteux. Il aurait mieux fait de se taire, mais il a choisi de s'enfoncer encore un peu plus. Le P-DG de Serport (Groupe services portuaires), Djelloul Achour a été pris en flagrant délit de mensonge. Ce responsable, qui s'est illustré par l'exécution à la lettre des blocages contre Cevital, est sorti, hier, de son silence pour justifier son instruction adressée aux directeurs de tous les ports du pays dans laquelle il leur demandait de refuser le débarquement de conteneurs contenant le matériel industriel de Cevital destiné à son projet d'usine de trituration de graines oléagineuses à Béjaïa. "Ce projet souffre d'une absence d'autorisation", a-t-il indiqué hier dans une déclaration faite au site Alg24, reprise par TSA. "Le matériel n'a pas été dédouané", affirme-t-il. Et d'ajouter : "Cevital bénéficie du couloir vert, il a le statut d'opérateur agréé. Il peut recevoir de la marchandise et ensuite la dédouaner. Cevital a essayé d'utiliser justement ce statut pour faire passer du matériel qu'il ne peut pas faire passer par le couloir vert." À court d'arguments pour légitimer ses blocages faits au projet de Cevital, le P-DG de Serport multiplie les pas de danse ratés, faisant fi des convenances tant en matière de communication institutionnelle qu'en termes de véracité lorsqu'il s'agit d'apposer des justificatifs à ses agissements aussi douteux que déroutants. La réponse du groupe Cevital à sa dernière sortie médiatique ne s'est pas fait attendre. "M. Djelloul Achour persiste dans le mensonge pour couvrir un acte de sabotage économique. Après avoir reçu de Cevital un démenti cinglant et factuel, documents à l'appui, dans l'affaire du terrain devant accueillir l'usine de trituration, Il vient de récidiver en affirmant que les équipements destinés à l'usine de trituration saisis par le port de Skikda, après avoir été dédouanés et sortis par Cevital, n'ont, en réalité, pas été dédouanés", lit-on dans un communiqué diffusé, hier, par le groupe Cevital. Décidément, le P-DG de Serport ne lésine plus sur aucun propos pour tenter de se dédouaner, quitte à faire du mensonge une parole biblique. À propos de ses allégations sur l'absence d'un acte de dédouanement du matériel de Cevital, le Groupe a tenu à nouveau à apporter un démenti catégorique en affirmant que "les équipements destinés à l'usine de trituration repris par le port de Skikda ont bel et bien été dédouanés le 8 juillet 2018, comme le prouvent les documents que nous mettons à votre disposition, à savoir le Document D10, tamponné par les douanes, Bon à enlever, qui autorise la sortie des équipements sus-cités du port après dédouanement et la quittance de paiement des droits de timbre, ces équipements ayant été importés en franchise de droits de douane car le projet de Cevital bénéficie de l'Andi. Le port de Skikda a repris ces équipements le 18 juillet, soit 9 jours après leur dédouanement". - Qui bloque Cevital ? Débordé, semble-t-il, par l'ampleur du scandale dans lequel il s'est empêtré, Djelloul Achour s'est appuyé sur des allégations dénuées de tout fondement juridique, prétendant que le projet de Cevital "souffre d'une absence d'autorisation". "Quant à l'absence d'autorisations avancée par M. Djelloul Achour, il nous paraît aujourd'hui indispensable que ce dernier donne les références réglementaires, le nom des documents ainsi que la désignation des autorités qui doivent les délivrer. Pour rappel, il n'existe aucune autorisation à obtenir pour importer des équipements industriels. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle M. Achour n'a donné aucune justification et n'a fait référence à aucun texte réglementaire dans son instruction envoyée aux P-DG et DG de tous les ports algériens pour bloquer le déchargement des équipements destinés à l'usine de trituration de Cevital", souligne le Groupe dans son communiqué, dont une copie a été adressée à notre rédaction, accompagnée des documents cités plus haut (voir fac-similés). Le patron de Serport semble ignorer les limites de ses prérogatives, ne se gênant plus pour piétiner les responsabilités d'autres institutions habilitées à examiner et à valider les projets d'investissement. Ce n'est jamais très bon signe quand un responsable se donne le droit d'outrepasser ses prérogatives aux fins de saboter ; l'acte s'assimilant à un flagrant abus d'autorité. Pour le Groupe Cevital, "il ne s'agit ni plus ni moins que d'un blocage injustifiable car illégal au regard de toutes les réglementations existantes. M. Achour n'est qu'un instrument dans cette affaire dont la première victime est malheureusement l'économie de notre pays. Sinon, pourquoi tant de mystères sur les autorisations que nécessiterait ce projet et pourquoi le ministre de tutelle de M. Achour ne s'exprime-t-il pas sur ce dossier ?" Cela amène à la question de savoir qui bloque réellement les investissements du Groupe Cevital ? Une chose est sûre, le scandale s'annonce potentiellement dévastateur pour l'image du pays, alors qu'aucun responsable ne daigne – jusqu'ici — bouger le petit doigt pour éteindre le départ d'incendie et contenir sa fumée. Les intérêts étroits semblent primer sur l'image d'un pays qui peine à vendre son attractivité. Ali Titouche