Les signataires, des journalistes et des militants associatifs qualifient, dans leur document, le jugement du militant chaoui d'«inédit dans les annales de la justice algérienne». Le Collectif des militants du mouvement amazigh exige l'acquittement «pur et simple» de Salim Yezza qui a été condamné, mardi dernier, à une année de prison avec sursis par le tribunal de Ghardaïa. «Nous nous élevons contre cette condamnation injuste, nous lançons un appel à la classe politique algérienne et à l'opinion nationale pour soutenir nos démarches visant l'acquittement pur et simple du citoyen Salim Yezza dans cette affaire et mettre un terme aux poursuites aussi injustifiées que cocasses qui discréditent la justice de notre pays», explique le collectif dans une déclaration rendue publique hier. Les signataires, dont l'auteur et éditeur Brahim Tazaghart, des journalistes et des militants associatifs, qualifient, dans leur document, le jugement du militant chaoui d'«inédit dans les annales de la justice algérienne». «Au-delà des vices de forme constatés tout au long de la procédure judiciaire, la condamnation de Salim Yezza est aussi étonnante qu'inique, puisqu'il est accusé d'avoir contribué et incité aux troubles de Ghardaïa alors qu'il n'a jamais mis les pieds dans cette ville», soulignent-ils. Ce faisant, les auteurs de cette déclaration estiment que cette affaire «n'est qu'une autre forfaiture du pouvoir et une mise en scène montée de toutes pièces en vue de nuire aux militants activistes du combat identitaire, d'un côté, et de les utiliser dans des luttes de clans qui ne les concernent nullement, d'un autre côté». «Sinon, pourquoi ouvrir le dossier des événements douloureux du M'zab aujourd'hui, surtout que le calme est revenu dans cette région et que les deux communautés mozabite et châamba ont retrouvé cette entente scellée depuis des siècles ?» s'interrogent-ils. Les membres de ce collectif se posent aussi la question de savoir pourquoi la «justice n'a pas convoqué toutes les personnes ayant émis une opinion et/ou mis en cause des responsables dans la tragédie du M'zab, bafouant ainsi deux principes fondamentaux de l'institution judiciaire, à savoir l'impartialité et l'égalité devant la loi». Salim Yezza, rappelons-le, a été arrêté, le 14 juillet dernier, à l'aéroport de Biskra alors qu'il s'apprêtait à repartir en France où il résidait ces derniers temps. Son interpellation s'est faite sur la base d'un mandat d'arrêt émis à son encontre par le tribunal de Ghardaïa pour ses publications sur Facebook en rapport avec les événements tragiques qui ont secoué la vallée du M'zab. Selon son avocat, Kouceila Zerguine, qui conteste la décision du tribunal de Ghardaïa, il y a bien «un vice de forme qui rend nulle toute la procédure». Selon lui, sur le fond, Salim Yezza n'avait nullement appelé à la violence et à la haine. Il appelait dans ses publications, dit-il, plutôt à la solidarité avec les victimes de la violence et à l'humanisme. Aussitôt après le verdict, l'avocat a annoncé qu'il interjetera appel de cette décision, tout en saisissant les instances onusiennes chargées des droits de l'homme.