Après avoir rencontré les membres de la communauté algérienne vivant en province (Lyon, Toulouse, Marseille, Lille, etc.), l'ambassadeur d'Algérie en France, Missoum Sbih, a clôturé jeudi dernier ses consultations par un dîner débat à Paris, en présence de nombreux intellectuels algériens établis en France, hommes de lettres, de culture (Yamina Benguigui, Mohamed Arkoun, Malek Chebel), chefs d'entreprises et élus locaux et nationaux. Pour M. Benzekri, chargé de communication au sein de l'ambassade, l'objectif était de nouer des liens avec l'élite nationale vivant en France et de voir comment elle pourrait contribuer au développement du pays. Les participants ont été informés de l'évolution de la situation politique et économique du pays ainsi que les domaines dans lesquels cette élite peut apporter son expertise et ses compétences. Officiellement, la réunion de jeudi n'a rien à avoir avec les prochaines élections présidentielles. Elle se situe dans le cadre des autres visites effectuées déjà en France lors des années précédentes par M. Sbih. Dans son allocution, l'ambassadeur a évoqué les relations entre l'Algérie et la France. Il a estimé que celles-ci ne doivent pas être uniquement d'ordre commercial et mercantile ou se borner à la signature de contrats gaziers ou autres, mais doivent prendre en compte une dimension humaine plus globale au regard de histoire commune partagée par les deux pays. Le premier représentant officiel de l'Algérie en France a plaidé pour la refondation des relations entre Paris et Alger et l'établissement d'un nouveau partenariat d'exception. A ce titre, M. Benzekri n'a pas manqué de souligner le début de la mise en place de cette nouvelle politique à travers une coopération décentralisée dans de nombreux domaines, comme celui de la santé ou de l'université et autres secteurs. Objectif : utiliser la diaspora algérienne pour mener des actions de lobbying en vue d'influer sur la politique française, comme le font si bien déjà les Marocains et les Libanais. Cela passera, entre autres, par la création d'un conseil consultatif des Algériens établis à l'étranger. C'est en tout cas le souhait de M. Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la communauté nationale établie à l'étranger. Dans le passé, de nombreuses réunions de ce type ont eu lieu à Paris et dans d'autres consulats d'Algérie en France. La dernière a regroupé le député de la commission des affaires étrangères à l'assemblée nationale, M. Si Afif, avec des industriels, d'intellectuels algériens en France, sous la houlette du Réseau des Algériens diplômés des grandes écoles (Reage). Mais au lieu de parler des opportunités qu'offrent l'Algérie à ceux qui veulent investir, les débats avaient, alors beaucoup plus porté autour du troisième mandat de Bouteflika et de la nécessité de soutenir cette démarche. En réalité, si les gouvernants algériens veulent profiter de l'intelligence et du savoir-faire de leur élite, le meilleur moyen ne serait-il pas de lui permettre de prendre la place qui lui revient dans le développement social, économique, scientifique, de l'expression démocratique, aux prises de décisions, voire au pouvoir ? Place donc au rêve…