«Laisser le choix au peuple entre un régime despotique et l'intégrisme sauvage est un chantage indécent», déplore le premier secrétaire national du FFS. Dans le cadre de la célébration du 62e anniversaire du Congrès de la Soummam, le Front des forces socialistes (FFS) a organisé un meeting, hier, à la maison jaune d'Ouzellaguène, à une soixantaine de kilomètres au sud de la wilaya de Béjaïa. Cette activité, qui sera suivie d'un recueillement ce 20 août au musée du Congrès de la Soummam, intervient dans un contexte tendu dans la maison FFS après la suspension de ses fonctions organiques au sein du parti du député de la région, Chafaâ Bouaiche, par le premier secrétaire. Aussi, cette action commémorative coïncide avec la plus importante échéance électorale que connaîtra le pays, la présidentielle d'avril 2019. Sur les lieux, il a été constaté l'absence de plusieurs élus et cadres du parti, mais aussi la présence de quelques appuis du député «déchu». D'emblée, le premier secrétaire de la formation de feu Hocine Aït Ahmed dira en s'adressant aux militants que «votre présence ici est une réponse aux missionnaires qui ne cessent de dénigrer le FFS». En insistant que le parti, «c'est la base qui le fait», autrement dit ce ne sont pas des individus. Toutefois, en réponse aux questions de la presse, le premier responsable du parti fait bonne figure en expliquant que son propos est destiné «aux décideurs». Interrogé en marge du meeting sur l'absence de certains cadres du parti à ce meeting, Ali Laskri croit savoir que «la majorité des cadres sont présents. Un parti, c'est comme une entreprise, c'est une organisation. Il y a des statuts et un règlement intérieur, et ils sont applicables et opposables à tous, si vous insinuez le cas Bouaiche.» A propos de la position du FFS quant aux prochaines consultations, Ali Laskri pense que les conditions ne sont pas réunies pour évoquer la participation du FFS ou pas à la présidentielle de 2019. «Si Aït Ahmed s'est retiré en 1997 avec d'autres candidats, cela veut dire qu'on n'allait pas vers des élections libres», avant d'insister que «les choses n'ont pas changé depuis cette date et qu'il y a toujours cette primauté du militaire sur le politique...». Lors de son allocution, le membre de l'instance présidentielle du parti a insisté en disant que «le FFS a besoin d'être autonome et cette autonomie, vous la lui avez offerte le 20 avril, lors du congrès du FFS», qui a vu, pour rappel, la désignation de nouvelles têtes au sein du présidium et la neutralisation du cabinet noir, à savoir des frères Baloul, des frères Aït Ahmed et Salima Ghzali. Au cours de son discours, Ali Laskri a réitéré l'attachement de son parti à la construction du consensus national. Un consensus, dit-il, «populaire, sain et sincère, de gauche, social et non de droite libérale, ultra libérale, car il prône le changement du système, ce qui n'est pas le cas avec celui se conjuguant avec l'affairisme». Autre priorité du parti pour sortir le pays de la crise multidimensionnelle, c'est la «fondation de la deuxième République et l'élection d'une Assemblée constituante». De son côté, le premier secrétaire du FFS, Mohamed Hadj Djilani, a fustigé le pouvoir qui, selon lui, recrée les mêmes conditions vécues dans les années 1990 à la faveur des élections prochaines. «62 ans après la tenue du Congrès de la Soummam, le peuple exprime les mêmes préoccupations, celles liées aux droits de l'homme et de la représentativité politique ou la légitimité politique. A l'approche de l'élection présidentielle, l'Algérie vit au rythme de quelques événements qui ressemblent à ceux vécus par le peuple dans les années 90', par exemple avec la fermeture du champ médiatique et politique, l'interdiction des manifestations culturelles et le phénomène de la violence dans la société et qui se déroule au su des autorités publiques.» Pour lui, «laisser le choix au peuple entre un régime despotique et l'intégrisme sauvage est un chantage indécent. L'alternative véritable est : ni un Etat policier ni une république intégriste». Sur le plan régional et international, il a plaidé pour la «construction du Maghreb des peuples, un édifice impératif et inévitable, un but qu'il faudra atteindre pour espérer peser dans le monde».