Le groupement de la Gendarmerie nationale de Annaba vient de boucler une enquête sur un autre scandale de trafic de conteneurs au niveau du port de Annaba. Il s'agit au moins de 15 opérations d'importation illégale, engagées par cinq opérateurs économiques nationaux : deux à Annaba et trois à Alger. Alors que les auditions d'instruction au niveau du tribunal de Annaba dans les deux premières affaires de trafic de produits contrefaits et de tentative de transfert illicite de devises sont programmées pour le début de septembre 2018, le groupement de la Gendarmerie nationale de Annaba vient de boucler une enquête sur un autre scandale de trafic de conteneurs au niveau du port de Annaba. Selon des sources judiciaires qui révèlent que des enquêtes similaires sont en cours au niveau du groupement de la gendarmerie d'Alger, «il s'agit au moins de 15 opérations d'importation illégale, engagées par cinq opérateurs économiques nationaux : deux à Annaba et trois à Alger. Le montant global de ce trafic est estimé à 3,4 millions de dollars. Hormis ceux d'Alger, 12 accusés sont déjà mentionnés sur les fiches des investigateurs de la gendarmerie de Annaba». Concernés par ce trafic à grande échelle, deux importateurs, l'ex-directeur régional des Douanes à Annaba, Belkheir Hamel (frère de l'ex-DGSN), l'ex-chef d'inspection divisionnaire Reda Mehafdi, quatre inspecteurs, dont un IPOC (inspecteur principal aux opérations commerciales), un chargé commercial, un transitaire et deux agents. Au total, ce sont 12 individus qui seront présentés devant la justice à Annaba dans les jours à venir. Selon les explications des responsables douaniers à Annaba et à Alger, reprises par l'APS, les importateurs impliqués dans ce trafic de conteneurs sont inscrits sur le fichier des fraudeurs par les Douanes algériennes, c'est-à-dire interdits de procéder à l'activité d'importation de quelque produit que ce soit. Afin de contourner cette interdiction, une collusion s'est formée entre ces importateurs et des transitaires à travers des complicités au niveau de l'administration douanière à Annaba et Alger. Une manœuvre par laquelle des transitaires ont enregistré au moins cinq opérateurs économiques blacklistés : trois à Alger et deux à Annaba, comme étant des organismes spécifiques (associations, corps diplomatique…) auxquels le règlement de la procédure douanière, en cas d'opérations d'importation, les dispense d'avoir un Numéro d'identification fiscale (NIF) et les assujettit à une autre procédure spécifique appelée dans le jargon douanier «code 9». «Mais un contrôle croisé des banques avec le système d'information et de gestion automatisée des Douanes (Sigad) a permis de lancer l'alerte et de débusquer ces actes délictueux», précise la même source. Les conteneurs des marchandises concernées ont été bloqués aux ports de Annaba et d'Alger, alors que les opérations de transfert de devises n'avaient pas encore été effectuées. Ces actes délictueux assortis d'une complicité douanière ont été confirmés par les enquêteurs de la Gendarmerie nationale de Annaba et Alger qui, en remontant la filière, sont arrivés jusqu'aux responsables de ce délit économique. Selon sa déclaration à l'APN en févier dernier, M. Raouia, le premier responsable des Finances, a affirmé qu'il y a plus de 120 000 opérateurs économiques inscrits au fichier national des fraudeurs (blacklistés), puisqu'ils sont auteurs d'infractions graves aux législations et réglementations fiscales, commerciales, douanières, bancaires et financières. Selon lui, «la loi prévoit dans ce cas de figure d'exclure ces fraudeurs des transactions commerciales extérieures (import/export), de procéder à des soumissions aux marchés publics et privés des avantages accordés aux investisseurs en application des dispositions de la loi de finances complémentaire de 2009».