Huit douaniers exerçant au port de Annaba ont été placés sous contrôle judiciaire alors que neuf autres dont l'ancien directeur régional des Douanes de Annaba ont bénéficié de la liberté provisoire après leur comparution devant le procureur de la République près le tribunal de Annaba pour «transfert illicite de devises vers l'étranger» et «trafic de conteneurs de produits contrefaits», a appris l'APS, ce vendredi, auprès des avocats de la défense. La comparution des accusés devant la justice a commencé mercredi et s'est poursuivie jusqu'à jeudi soir avec l'audition de l'ex-directeur régional des Douanes de Annaba, le chef d'inspection divisionnaire par intérim, cinq inspecteurs, le chef de la brigade mobile et huit agents, dont deux femmes. D'autres témoins à charge et à décharge font également partie des personnes citées. Les faits de cette affaire remontent au mois de janvier dernier quand une enquête a été ouverte par la Gendarmerie nationale suite à des opérations d'importations et de déclaration douanière illégale alors qu'un agent douanier a subi, dans le cadre de cette même affaire, des pressions allant jusqu'à son licenciement pour avoir dénoncé ces pratiques. Une fois l'enquête de la gendarmerie entamée, tous les prévenus ont été sommés de ne pas quitter le territoire national. La première affaire concerne cinq conteneurs dont la marchandise déclarée des chaises roulantes pour handicapés importée pour plus d'un million d'euros, a été bloquée au niveau du port de Annaba. Quant à la seconde affaire, qui a déclenché l'enquête, elle a trait à une tentative d'inonder le marché algérien d'articles sportifs contrefaits. Tout a commencé en janvier 2018, lorsqu'un jeune douanier, relevant de la brigade mobile de contrôle au port de Annaba, a entamé une grève de la faim illimitée après avoir été suspendu par sa hiérarchie. Selon le douanier en question, et au lieu d'être primé pour avoir empêché un important trafic de conteneurs dont au moins un concernait des chaussures sportives contrefaites, il avait été suspendu puis réintégré, avant d'être muté hors du port de Annaba. Saisies, la direction générale des Douanes algériennes et la Gendarmerie nationale ont immédiatement entamé chacune son enquête. Confirmant les dépassements, la première a procédé à une purge dans les rangs de ses inspecteurs et agents, en évaluant le préjudice à quatre milliards de dinars. Selon des responsables douaniers cités par l'APS, il s'est avéré que plusieurs importateurs impliqués dans ce trafic de conteneurs sont blacklistés par les Douanes algériennes. Afin de contourner cette interdiction, une collusion s'est formée entre eux et des transitaires à travers des complicités à Annaba et Alger. Une manœuvre par laquelle ces commissionnaires ont enregistré cinq opérateurs économiques inscrits sur le fichier des fraudeurs comme étant des organismes spécifiques (associations, corps diplomatique ) que le règlement de procédure douanière, en cas d'importation, dispense d'avoir un numéro d'identification fiscal (NIF) ; ils sont assujettis à une autre procédure spécifique appelée «D9». Mais un contrôle croisé des banques avec le système Sigad a permis de lancer l'alerte et de débusquer ces actes délictueux, expliquent les mêmes responsables. L'enquête dans cette affaire sera poursuivie après les vacances judiciaires.