Washington justifie ses sanctions en invoquant la menace nucléaire iranienne sur sa sécurité nationale et mondiale. Washington a récusé, hier, la compétence de la Cour internationale de Justice (CIJ) dans la procédure engagée par Téhéran pour obtenir la levée des sanctions décrétées par le président américain Donald Trump, rapporte l'APS. Pour la délégation américaine, qui «s'oppose vivement» à la requête de l'Iran, il n'est pas du ressort de la Cour de l'Organisation des nations unies (ONU) de trancher sur le différend entre les deux pays. «L'Iran n'a pas établi l'existence d'une base garantissant la compétence de la Cour», a estimé la conseillère juridique du département d'Etat américain et représentante des Etats-Unis, Jennifer Newstead, au deuxième jour des audiences. Audiences qui doivent se poursuivre jusqu'à jeudi. A cette occasion, Washington a motivé le rétablissement de sanctions en mettant en avant la menace nucléaire iranienne sur sa sécurité nationale et mondiale. Et pour Mme Newstead, «les préoccupations économiques et sociales soulevées par l'Iran, qui semble vouloir en attribuer la responsabilité aux Etats-Unis, ont de profondes racines dans la mauvaise gestion économique du gouvernement iranien et dans la répression de sa propre population». Ainsi, Téhéran doit assumer la responsabilité des conséquences de ses propres actes qui menacent la paix et la stabilité internationale, a-t-elle ajouté. Le président américain a retiré, en mai, son pays de l'accord sur le nucléaire signé par Téhéran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, Allemagne) en juillet 2015 à Vienne, dans lequel l'Iran s'engage à ne jamais chercher à se doter de l'arme atomique. En contrepartie, Téhéran bénéficiera de la levée partielle des sanctions qui lui sont imposées jusque-là par les grandes puissances. Ce retrait signifie le rétablissement de sanctions américaines envers la République islamique. Celles-ci comprennent, dans leur première étape entrée en vigueur le 7 août, des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des mesures pénalisantes sur les achats dans les secteurs automobile et aviation commerciale. La seconde partie de ces mesures prendra effet en novembre ; elle ciblera le secteur pétrolier et gazier ainsi que la banque centrale. «Agression» Au premier jour des audiences lundi, Téhéran a dénoncé devant la Cour «l'étranglement» économique de Washington en rétablissant des sanctions à l'égard de la République islamique. La délégation iranienne a plaidé pour un traitement avec une «urgence extrême» de l'affaire vu les «conséquences dramatiques» sur son économie. «Les Etats-Unis propagent publiquement une politique visant à nuire le plus sévèrement possible à l'économie iranienne et aux ressortissants et entreprises iraniens», a déclaré l'agent de la délégation iranienne et conseiller juridique, Mohsen Mohebi. La réimposition des sanctions américaines «n'est rien d'autre qu'une agression économique flagrante contre mon pays», a ajouté l'agent de la délégation iranienne, estimant que «l'Iran opposera la plus forte résistance à l'étranglement économique américain, par tous les moyens pacifiques». Aussi, il a indiqué que son pays n'«a pas eu d'autre choix que de saisir la CIJ après avoir cherché en vain une solution diplomatique» en engageant une procédure en juillet souhaitant «mettre fin sans délai» à ces mesures. L'Iran a observé que les sanctions des Etats-Unis constituent des «violations flagrantes» des dispositions du Traité américano-iranien de 1955, qui prévoit des «relations amicales» entre les deux nations et encourage les échanges commerciaux. Et les deux n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980. La CIJ devrait statuer sur la fin provisoire des sanctions exigée par l'Iran dans les deux mois suivant le début des audiences, mais parvenir à une décision finale pourrait prendre des années. Les jugements de la Cour sont contraignants et définitifs.