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L'écran s'écrit
Cinéma. La question du scénario
Publié dans El Watan le 22 - 01 - 2009

Sans professionnalisation de l'activité de scénariste, il est difficile sinon illusoire d'envisager un essor réel de notre cinéma.Sans professionnalisation de l'activité de scénariste, il est difficile sinon illusoire d'envisager un essor réel de notre cinéma.
En novembre 2007, aux Etats-Unis, après trois mois de négociations dures et infructueuses, débutait la grève des scénaristes qui ébranla Hollywood et la plupart des chaînes de télévision américaines et même mondiales. La dernière grève de la profession remontait à 1988 et avait duré 22 semaines, entraînant des pertes de 500 millions de dollars aux studios. Celle de 2007-2008 aurait coûté plus du double, entraîné des compressions d'effectifs dans les maisons de production, suspendu des séries TV majeures par leurs audiences et donc aussi par les recettes publicitaires associées.
Les scénaristes revendiquaient la valorisation de leurs droits d'auteurs notamment sur les nouveaux supports (DVD, téléchargements légaux…). Achevée en février 2008, elle avait surtout touché les télévisions, le cinéma disposant de stocks de textes. Mais ce mouvement de 100 jours avait surtout confirmé la puissance de la Writers Guild of America, le syndicat des scénaristes qui comprend 12 000 membres. Et du même coup, elle avait rappelé l'importance des scénaristes dans l'industrie cinématographique et audiovisuelle. Car, quelque soit l'importance des autres maillons de la chaîne de production, le scénario en demeure la base et la source. Aucun producteur ne s'aventurerait à financer un réalisateur sans présentation d'un scénario et, s'il tient compte de l'expérience et de la réputation du metteur en scène, il ajustera le niveau de son investissement en fonction du scénario et de son impact probable. Le scénario est donc le premier argument de financement.
Véritable acte de naissance d'un film., il constitue non seulement la formulation d'un projet mais le guide indispensable de sa réalisation dans la mesure où le cinéma mobilise de nombreux métiers et implique une division du travail complexe. Tous ces métiers (réalisateur, directeur photo, comédiens, script, techniciens, machinistes, monteur, attaché de presse…) ont besoin du scénario comme référence commune de travail. Le métier de scénariste est vital pour le cinéma et l'audiovisuel (aujourd'hui, même les documentaires font l'objet de scénarios).
En se basant sur l'exemple américain, on peut même affirmer que plus une industrie cinématographie est développée, plus elle compte de scénaristes professionnels. La quantité et la qualité des scénaristes sont donc des indicateurs de l'état de santé d'un cinéma. En Algérie, il suffit d'affirmer qu'il n'existe aucun scénariste professionnel pour avoir une idée de l'état d'avancement du cinéma national. Au cours de son histoire, le cinéma algérien n'a hélas jamais manqué d'obstacles, plus concentrés à certaines périodes que d'autres, de telle sorte que jamais, il n'a vraiment connu de période faste. Ses meilleurs moments ont toujours été assez courts. Généralement, c'est toujours la question du financement qui a été mise en avant.
Approche logique quand on sait que le cinéma est le plus industrialisé des arts et donc le plus budgétivore. On comprend donc que le financement, toujours ardu en Algérie, suscite tant d'intérêt. Quand on n'a pas de quoi financer un film, il est certain que le reste peut sembler superflu. Mais, à force de focaliser sur le « nerf de la guerre », les autres aspects de la production ont souvent été mis de côté, ou traités superficiellement. Depuis des décennies, pratiquement aucun débat public ou discussion privée sur le cinéma n'a pu se tenir sans aboutir et parfois se limiter à la question financière. L'écriture d'un film fait partie de ces questions subsidiaires, toujours restées en suspens, abordées sans jamais être approfondies.
C'est donc tout le mérite de l'Association des réalisateurs et producteurs algériens, l'ARPA, présidée depuis sa reprise par Belkacem Hadjadj, d'avoir organisé, en ouverture d'un stage de formation de scénaristes de trois semaines, cette journée d'études et de réflexion sur le scénario et le métier de scénariste (18 janvier 2009, salle Frantz Fanon, OREF). Le canadien Marcel Beaulieu, auteur de nombreux scénarios de longs métrages de cinéma, dont Farinelli, Marquise, À corps perdu, Les Fous de Bassan et de téléfilms comme Le chemin de Damas et Un autre homme, est aussi auteur de théâtre et formateur de scénaristes. Chargé du stage qui concerne douze personnes, il a livré les grandes lignes de son expérience et sa vision du métier. Les rapports entre littérature, cinéma et télévision, particulièrement problématiques dans le monde arabe, ont été traités par l'écrivain et scénariste égyptien Mahfoud Abderrahmane, auteur de plusieurs séries bien connues des téléspectateurs algériens et l'un des doyens de la profession dans le monde arabe, ainsi que
Azzedine Mihoubi, écrivain et scénariste, actuellement secrétaire d'Etat à la communication. Enfin, le réalisateur Lamine Merbah, en sa qualité de président du FDATIC (Fonds de financement de l'industrie cinématographique) et l'écrivain et journaliste Mouloud Achour, qui a coordonné la commission de lecture des scénarios pour la télévision nationale, ont eu à dresser un état des lieux en Algérie. Ce qui a frappé dans cette journée d'étude, c'est sans doute la forte assistance qui a montré un intérêt manifeste pour le sujet. La diversité du public explique aussi celle des questionnements. Expressions de vocations latentes ou manifestes chez des étudiants de l'ISIC (Information et sciences de la Communication) ou de l'ISMAS (Métiers du spectacle), venus nombreux.
Questionnements plus techniques des professionnels du cinéma et de l'audiovisuel. Grande curiosité d'autres participants non identifiés et des journalistes présents en force. Cette rencontre a montré qu'il était possible d'aborder d'autres aspects, jusque-là négligés, de la cinématographie et surtout, d'éviter les sempiternelles plaintes sans perspectives. Il est remarquable que l'ARPA ait veillé à donner une visibilité à son action de formation en offrant un cadre d'expression serein, intéressant et constructif.
Tout le monde n'est pas Faulkner
Marcel Beaulieu a insisté sur le fait qu'un scénario devait « avant tout amener le spectateur ou le téléspectateur à être captivé de bout en bout pour qu'il puisse se poser des questions après le film et non pendant celui-ci ». Les qualités de conteur, la capacité d'utiliser une langue authentique selon les personnages et les situations et surtout l'imagination visuelle représentent selon lui les qualités essentielles d'un bon scénariste. L'intervenant a évoqué l'évolution du scénario au Québec dans un cinéma qui a dû surmonter la présence écrasante et voisine d'Hollywood et assurer son essor. Dans cette émergence, les scénaristes ont joué un grand rôle en créant un univers qui a permis ensuite aux réalisateurs de construire des films qui ont fini par battre en audiences les superproductions américaines.
Aujourd'hui, une des meilleures formations de scénaristes au monde serait assurée à Montréal, à l'INIS (Institut national de l'image et du son), créé en l'an 2000. Pour Marcel Beaulieu, les scénaristes de son pays ont su capter les caractères profonds et les symboles de leur société et les transposer dans leurs imaginaires. « Il ne sert à rien de vouloir toucher le monde entier et de prétendre à une approche internationale, a-t-il affirmé. L'universel commence d'abord chez soi ». Cependant, pour y arriver, la professionnalisation des scénaristes est indispensable. Cette activité ne peut être occasionnelle ou dilettante, ce qui pose la question de son niveau de rémunération. L'exemple du cinéma algérien, qui n'a jamais réussi à générer une production assez importante, a exclu d'emblée ce modèle.
Sans scénaristes professionnels, les réalisateurs ont dû recourir à eux-mêmes, une attitude qui a dominé pendant longtemps et a été renforcée par d'autres facteurs. En effet, durant les années où les réalisateurs étaient salariés d'entreprises publiques, les primes accordées aux scénarios n'étaient pas négligeables pour des revenus étriqués. En outre, comme les films dits d'auteurs étaient privilégiés et que la référence dominante de toute une génération de cinéastes algériens a été celle de la Nouvelle Vague, la pratique de cette mouvance du réalisateur-scénariste a été souvent retenue. Ce n'est pas une tare d'être à la fois auteur du texte et metteur en scène ; et l'histoire du cinéma mondial montre que cela peut engendrer des chefs-d'œuvre.
L'un des exemples les plus aboutis en est certainement Elia Kazan qui écrivait des romans, en tirait des scénarios et réalisait ses films. Il en est sorti America America, L'Arrangement, etc. Mais, outre qu'Elia Kazan a travaillé aussi avec de nombreux auteurs ou scénaristes, ce genre d'exemples relève plutôt de l'exception que de la règle, du moins celle qui permet de monter une véritable production cinématographique. Il est donc encourageant que ce souci de professionnalisation du métier de scénariste soit affirmé par l'ARPA qui a d'ailleurs demandé à ses membres de ne pas se présenter au stage pour permettre de constituer l'embryon d'un corps de scénaristes en Algérie. « Sur la douzaine de participants, affirme ainsi Belkacem Hadjadj, tous ont fait montre d'une grande motivation à embrasser une carrière. Evidemment, cela dépendra de leurs aptitudes ainsi que de l'évolution de la production. Mais si nous arrivons à terme à sortir 4 ou 5 scénaristes de talent, ce sera un grand pas en avant. »
Un scénariste peut en effet produire plusieurs scénarios par an, sans compter le rôle qu'il peut jouer en se spécialisant dans les dialogues (un métier à part entière) ou dans l'adaptation d'œuvres littéraires, pratique déjà existante en Algérie mais qui n'a pas toujours pris le soin de passer par la case scénariste, un grand écrivain n'étant pas forcément doué pour le cinéma. « Tout le monde n'est pas Faulkner », comme l'a souligné Marcel Beaulieu.Pour l'instant, le constat est là. Lamine Merbah a souligné l'insigne pauvreté de la plupart des textes reçus par le FDATIC et affirmé qu'après une période de « permissivité » destinée à « encourager la reprise et redonner l'espoir » à un art plongé dans l'abîme par l'abandon du soutien public et la tragédie vécue par le pays, sa commission travaille désormais sur des critères plus stricts.
Mêmes propos chez Mouloud Achour concernant les scénarios de téléfilms et séries. « Un constat peu reluisant » a-t-il simplement résumé après son exposé édifiant. Enfin, cette interrogation expressive de Lamine Merbah : « Peut-être, ceux qui respectent la profession de scénariste et le cinéma n'osent pas présenter des projets, tandis que les plus nuls n'hésitent pas à le faire ? » C'est aussi peut-être de la part des premiers un problème de confiance à l'égard d'un secteur qui, comme l'ensemble des arts, a été longtemps phagocyté par l'opacité, le manque de confiance, la peur de la censure et l'autocensure, etc. C'est donc tout à l'honneur de l'ARPA d'avoir étalé l'ensemble de ces questions sur la place publique.


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