L'industrie du papier représente 2,5% de l'industrie mondiale et pèse à elle seule aussi lourd que toute l'industrie aéronautique. A l'heure de Google et de Yahoo, le papier demeure une matière indispensable dans la vie quotidienne. Dans le monde, on juge le niveau de développement d'un pays par la quantité de papier qu'il consomme. Ainsi, les statistiques indiquent que les Etats-Unis consomment 300 kg par an et par habitant, l'Europe 200, la Chine 30 et l'Afrique 20. Pis, malgré le développement vertigineux des nouvelles technologies, la demande en papier devrait doubler dans les cinquante ans à venir, prévoient les spécialistes. Il est donc aisé de déduire que l'Internet et l'informatique n'auraient pas un impact négatif sur le papier. Il s'agit là d'un débat assez long. A l'heure actuelle, la question qui s'impose est celle ayant trait à la situation de cette industrie en Algérie. Quelle est la situation de cette industrie qui peine à voir le bout du tunnel ? La fabrication de papier a vu le jour en Algérie pour la première fois en 1896, selon une étude de Gipec. Mais pour la véritable industrie, il faut attendre 1949 pour voir l'implantation d'un complexe de fabrication de pâte et papier d'alfa à Baba Ali. Après l'indépendance, la fabrication de papier a connu, au début des années 70, un grand essor. Durant ces années, l'Algérie a vu la création d'une entreprise publique, en l'occurrence la Société nationale des industries de la cellulose. A la faveur de cette réalisation, un appareil productif, dont la configuration est conçue à la fois pour satisfaire les besoins socioéconomiques du pays et favoriser l'utilisation des ressources naturelles locales telles que l'alfa, la paille, le bois et le vieux papier de récupération, a vu le jour. Quelques décennies après ces réalisations, l'industrie du papier a connu une régression pour ne pas dire qu'elle est au point mort étant donné que l'Algérie importe d'énormes quantités, soit la moitié de ses besoins, pour une valeur qui dépasse les 600 millions de dollars. Pour le P-DG de Gipec, M. Mustapha Merzouk, «fortement tributaire de l'extérieur pour ses approvisionnements en matières premières et pièces de rechange, l'industrie papetière, loin d'avoir progressé, a plutôt régressé avec une baisse de la production en quantité et en qualité. Les équipements, n'ayant pas été rénovés, ont subi une dégradation». «En tout état de cause, l'industrie papetière en Algérie reste tributaire de la disponibilité de la matière première de base, à savoir le bois. L'inexistence de forêts industrielles et l'absence de perspectives dans ce domaine ne permettent pas d'envisager l'implantation d'unités de production de pâte à papier à moyen terme», estime-t-il. «De plus, l'investissement privé ne semble pas s'intéresser à ce créneau et l'Etat a clairement affiché son désengagement de la sphère économique.» Selon lui, cette situation est due principalement à la non-disponibilité de la matière première et de la ressource hydrique. «A défaut d'un vaste programme de forêts industrielles adapté, il est difficile d'envisager la relance de l'activité papetière basée sur l'importation de la pâte à papier sachant que les prix de cette matière restent très instables sur le marché international», a-t-il appuyé. «La vétusté et l'obsolescence de l'outil de production, l'absence de mise à niveau de réalisations d'investissement et les difficultés financières héritées des insuffisances d'assainissement de l'Enepac et de Celpap et qui ont perturbé jusqu'à la fermeture des usines en difficulté» ont contribué à l'aggravation de cette situation, note également M. Merzouk. Pour sortir de cette situation désastreuse, il pense qu'«il faut s'inscrire dans le cadre d'une globalisation». Il a estimé aussi que «l'ouverture envisagée du capital de Gipec au partenariat tant national qu'étranger peut éventuellement permettre une meilleure couverture des besoins dans l'avenir».Concernant l'impact de la crise économique mondiale sur cette industrie, le P-DG du Gipec n'a pas mâché ses mots : «Le Gipec, en tant qu'acteur économique en relation avec l'économie mondiale tant par ses importations que par ses exportations, ne peut échapper aux conséquences de la crise actuelle, du moins à moyen terme.» Il explique que «pour le moment, la chute des cours des matières premières a un effet bénéfique sur le coût de nos importations, mais à moyen terme, cela risque de s'inverser par suite d'une vague de fermetures d'usines à laquelle ne pourraient pas échapper un certain nombre de producteurs mondiaux, situation qui provoquerait une réduction des disponibilités et, par conséquent, un renchérissement des prix». Pour les exportations, M. Merzouk a estimé que «les effets de la crise ont été immédiats et le volume des ventes sur le marché extérieur a sensiblement baissé suite à la chute des prix des produits habituellement exportés : papier pour ondulés, papier recyclable». S. B.