Une délégation sud-coréenne de haut rang s'est entretenue hier avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, rapportent des médias. L'objectif officiel de la visite au Nord d'une délégation sud-coréenne est de définir les détails de l'organisation d'un nouveau sommet entre Kim Jong-un et le président sud-coréen, Moon Jae-in, qui est censé avoir lieu ce mois-ci et serait le troisième depuis la fin avril. Chung Eui-yong, le conseiller à la sécurité nationale du président sud-coréen, a expliqué au préalable qu'il entend discuter des façons de «mener à bien la dénucléarisation» de la péninsule coréenne et d'établir «une paix durable». La délégation a «rencontré le président Kim Jong-un, lui a remis une lettre personnelle (du président Moon) et a échangé des points de vue», a déclaré un porte-parole de la Présidence sud-coréenne. Au cours du sommet le 12 juin à Singapour, le président américain, Donald Trump, et le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, étaient parvenus à un compromis très vague en faveur d'une «dénucléarisation complète de la péninsule coréenne». Déclaration sans calendrier ni modalité, bien loin de la dénucléarisation «complète, vérifiable et irréversible» exigée par les Etats-Unis. Au-delà des intentions Le processus de dénucléarisation du Nord demeure jusque-là au point mort, comme l'a montré l'annulation au dernier moment, le mois dernier par le président Trump, d'un voyage en Corée du Nord de son secrétaire d'Etat Mike Pompeo. Ce denier a appelé, début août lors du Forum de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), à Singapour, à «maintenir la pression diplomatique et économique» sur la Corée du Nord «afin d'arriver à une dénucléarisation définitive et totalement vérifiée» à laquelle elle «s'est engagée». «Le président Kim a pris un engagement», a observé le chef de la diplomatie américaine, celui «de dénucléariser son pays». Mais «nous savons tous que cela prendra du temps», a-t-il ajouté. Interrogé par Channel News Asia, il a dû admettre que «le calendrier final pour la dénucléarisation sera fixé par le président Kim, au moins en partie». Les déclarations du chef de la diplomatie américaine ont provoqué l'ire de Pyongyang. Malgré les «mesures de bonne volonté» prises par la Corée du Nord, Washington «donne de la voix pour maintenir les sanctions», trahissant «des mouvements aux Etats-Unis voulant revenir en arrière, loin des intentions de leur dirigeant», a réagi le ministre des Affaires étrangères nord-coréen, Ri Yong Ho, à Singapour, après le départ du secrétaire d'Etat américain. «L'impatience n'aide pas du tout à construire la confiance. Surtout quand on avance des exigences unilatérales», a-t-il ajouté. Et de prévenir : «Tant que les Etats-Unis ne montreront pas dans la pratique leur volonté d'éliminer ce qui nous pose problème, il n'y aura aucune possibilité que nous avancions de notre côté.» D'après un rapport d'experts remis au Conseil de sécurité des Nations unies le 3 août, la Corée du Nord «n'a pas stoppé ses programmes nucléaire et balistique et a continué de défier les résolutions du Conseil de sécurité à travers une hausse massive des transferts illicites de produits pétroliers en mer en 2018». Pour schématiser, le panel d'experts de l'Organisation des Nations unies (ONU) a également relevé les violations d'une interdiction d'exportation du charbon, du fer et d'autres marchandises nord-coréennes qui ont rapporté plusieurs millions de dollars à Pyongyang. Ces violations ont rendu le dernier train de sanctions adopté en 2017 «sans effet», en bafouant les restrictions imposées par l'ONU, est-il relevé dans le texte. Pyongyang a en outre «tenté de fournir du petit armement et des armes légères ainsi que d'autres équipements militaires» à la Libye, au Yémen et au Soudan. Comme il a continué de percevoir des revenus de ses exportations illicites, notamment de fer et d'acier, à la Chine, l'Inde et d'autres pays, qui lui ont rapporté près de 14 millions de dollars d'octobre à mars derniers. «Les sanctions financières restent parmi les plus faiblement appliquées et les plus activement contournées par le régime», indique encore le rapport. Les diplomates nord-coréens ont joué un rôle essentiel dans ce processus, en ouvrant de multiples comptes bancaires à l'étranger.