La Cour suprême israélienne a rejeté, hier, un recours contre l'évacuation et la démolition du village palestinien bédouin de Khan Al Ahmar, situé a l'est de la ville sainte d'Al Qods. L'ordre de démolition pourra être exécuté dès mercredi prochain. Cette décision judiciaire qui n'est en fait qu'un acte d'épuration ethnique, visant à séparer définitivement la ville sainte d'Al Qods, occupée et annexée en 1967, du reste de la Cisjordanie occupée, est une pratique courante des autorités de l'occupation israélienne depuis la création de l'Etat hébreu en 1948, aux dépens de la Palestine historique et de son peuple dont la majorité a été forcée à l'exode. Walid Assaf, ministre palestinien chargé du dossier de la colonisation auprès de l'Autorité palestinienne, a déclaré : «En plus de la décision d'évacuation du village de Khan Al Ahmar, il y a un ordre d'interdiction aux habitants d'y revenir et d'y habiter une nouvelle fois.» Le responsable palestinien a souligné «qu'il n'y a plus de mesures juridiques possibles pour arrêter ce processus et que tout ce qui peut être fait est d'être présents sur place en grand nombre pour faire face à l'opération de démolition». Le ministre palestinien — lui-même blessé à l'oreille par une balle en caoutchouc, la semaine dernière, pendant qu'il participait à une marche populaire de protestation contre la spoliation de terres palestiniennes dans le village de Ras Karkar, à l'ouest de Ramallah, en Cisjordanie occupée — a appelé les citoyens palestiniens à faire face aux décisions de l'occupation et à soutenir les habitants du village de Khan Al Ahmar que le gouvernement israélien veut pousser à l'exode, loin de leur lieu d'habitation. Pour le porte-parole du gouvernement palestinien, Youssef Al Mahmoud, «les politiques bestiales de l'occupation, dont les démolitions du village de Khan Al Ahmar et de maisons de citoyens à Al Qods et dans le reste de notre pays, visent à pousser les citoyens à quitter leurs terres et leur pays, ce qui est considéré comme la traduction littérale de l'épuration ethnique». Al Mahmoud a appelé le monde à prendre ses responsabilités vis-à-vis de cette «agression catastrophique sur le peuple palestinien, défendre ses décisions et ses lois, et interdire à la dernière occupation de l'histoire de continuer à mépriser la volonté internationale au lieu d'œuvrer à instaurer les bases de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans notre pays et dans toutes les régions du monde». Au contraire des réactions d'indignation des responsables palestiniens, le ministre israélien de la Guerre, Avigdor Liebermann, a salué la décision de la Cour suprême israélienne. On peut lire sur son compte Twitter : «Je félicite les juges pour leur décision courageuse face aux attaques hypocrites orchestrées par Abou Mazen (Mahmoud Abbas, ndlr), la gauche et des pays européens.» «Personne ne nous empêchera d'exercer notre souveraineté et notre responsabilité en tant qu'Etat», a ajouté le chef du parti Israël Beitenou, un parti de droite ne reconnaissant aucun droit aux Palestiniens. Après des mois de batailles judiciaires, menées par les habitants de Khan Al Ahmar et qu'ils semblent avoir perdues auprès d'une justice qui défend les intérêts de la colonisation et de l'occupation, il ne leur reste plus qu'à s'opposer par leurs corps aux bulldozers de l'armée israélienne qui viendront démolir leurs maisons. Ils trouveront sûrement un grand soutien auprès de la direction et du peuple palestiniens, parce que la perte de Khan Al Ahmar est synonyme de l'isolement total de la ville sainte d'Al Qods du reste de la Cisjordanie occupée, en parfaite harmonie avec la décision de l'administration américaine du président Donald Trump de considérer la ville sainte comme capitale de l'Etat hébreu.