Dix enseignantes, toutes jeunes, de l'école El Ghazali, un établissement emblématique de la ville de Skikda, se sont abstenues, hier, de faire la rentrée des classes. Soutenues par l'ensemble des parents et leur association, ainsi que par les syndicalistes de l'UNPEF et du bureau de wilaya de la Fédération nationale des parents d'élèves, les jeunes enseignantes entendaient ainsi poursuivre leur mouvement de protestation enclenché durant l'année scolaire précédente. «On a été surprises, tout comme les parents, de constater que le directeur de l'établissement était toujours à son poste alors qu'il avait été sévèrement sanctionné, au mois de juillet dernier, par un conseil de discipline, suite à nos dénonciations d'abus de pouvoir, d'humiliation et de harcèlement», témoigne une des jeunes enseignantes. Le président de l'Association des parents d'élèves de l'école El Ghazali témoigne pour sa part un total soutien des parents aux dix enseignantes. «Aujourd'hui, quelques autres institutrices, et par peur de représailles certainement, ont accepté d'accompagner leurs élèves aux salles de cours, mais les parents se sont aussitôt empressés de les faire sortir. Nous comprenons parfaitement la colère des enseignantes, car nous sommes au courant des agissements du directeur de l'établissement. On ne veut plus de lui à El Ghazali», a-t-il précisé.Le même constat a été fait par le représentant de l'UNPEF, qui ne cachait pas son étonnement devant les lenteurs administratives relatives au traitement du dossier de sanction du directeur de l'établissement. «Nous demandons le départ pur et simple de ce directeur et nous entendons durcir notre mouvement en enclenchant une grève illimitée au cas où on continue à le protéger. Le conseil de discipline tenu le mois de juillet a reconnu la véracité des accusations avancées par les institutrices et a ordonné la mutation inconditionnelle du directeur vers un autre établissement. Ce dernier a fait recours de cette décision, mais depuis, le dossier ne cesse de traîner et aucune décision finale n'a été prise. Nous, en tant que mouvement syndical, nous exigeons l'application de cette décision». Le président du bureau de wilaya de la fédération nationale des parents d'élèves et tout en déclarant son soutien total aux jeunes institutrices « À travers ce soutien, c'est surtout l'intérêt de nos enfants qu'on tente de garantir. Et à la lumière des informations dont nous disposons, il apparait que le départ du directeur est devenu une garantie pour la stabilité de l'établissement » cherchant apparemment à rattraper le temps perdu, la direction de l'éducation a fini, par contrainte, de désamorcer cette crise en nommant, la matinée même un directeur intérimaire. Ce dernier, et lors d'une rencontre improvisée avec les institutrices et les parents, tiendra à préciser que sa mission sera de suppléer au directeur incriminé « J'aurai à gérer cette école en tant qu'intérimaire jusqu'à la désignation officielle d'un nouveau directeur. Je vous appelle à coopérer et vous assure de mon entière disponibilité à être à l'écoute » Cette fin « heureuse » pour les enseignants et les parents a néanmoins laissé comme un arrière-goût amer chez plusieurs parents qui estiment que la direction de l'éducation aurait dû gérer ce problème bien avant la rentrée des classes pour éviter aux petits écoliers d'El Ghazali de vivre une telle situation.