La directive de la ministre de l'Education nationale, Mme Benghebrit, à propos du nettoyage et des réparations des établissements avant le jour de la rentrée, n'a pas eu d'écho favorable dans le secteur éducatif de la wilaya de Boumerdès. En effet, plusieurs citoyens et des associations de parents d'élèves ont déploré «l'état désastreux des écoles, des collèges et des lycées. Au chef-lieu de wilaya, le lycée El Khalifa est fortement dégradé et nécessite une rénovation. Mais, au lieu d'entamer les travaux dès la sortie des élèves à la fin de l'année scolaire, on a attendu la rentrée pour décider de les commencer», s'indigne un parent d'élève. Ainsi, les élèves ont été invités à éviter d'emprunter certains escaliers menaçant de s'affaisser, à faire attention à la décrépitude des murs des couloirs et des classes, a-t-on dénoncé. «Nous sommes déjà traumatisés à l'idée de passer une année dans un lieu jugé dangereux, surtout qu'on est dans une zone sismique», alerte un lycéen. La direction de l'éducation reconnaît que ledit lycée nécessite des aménagements, mais nie un quelconque danger. Les responsables du secteur ont demandé une expertise du CTC pour entamer des travaux par ordre de priorité en même temps que le déroulement de la scolarité, a assuré un cadre de l'administration, qui indique qu'un montant de six milliards de centimes au chapitre de l'aménagement des établissements a été dégagé. D'autres établissements scolaires nécessitant des travaux de rénovation et d'entretien sont répertoriés à la wilaya. A Béni Amrane, les écoles primaires ont ouvert leurs portes avec un spectacle de désolation. Un entrepreneur en charge de mener des réparations nous a avoué qu'il venait tout juste d'obtenir le marché. La charpente est à refaire tant les infiltrations d'eau de pluie sont courantes. Les malfaçons sont visibles. «Les portes des toilettes ne correspondent pas aux cadres, elles sont petites et ne se ferment pas. Vous vous imaginez !», se plaint un enseignant. A Thénia, ce sont les parents d'élèves qui ont nettoyé les écoles de leurs enfants. A Si Mustapha, où le wali s'est rendu pour assister à la rentrée au niveau du groupement scolaire des Frères Bayou, qui a été choisi comme établissement pilote doté de l'énergie solaire, les insuffisances sont criantes. A Bordj Menaïel, le carrelage de l'école Libération se décolle et il est à craindre des chutes d'élèves, dit un parent. Concernant l'encadrement, on annonce un déficit de 84 directeurs d'école et des manques dans le collège et le lycée. Le wali, qui avait déclaré faire de l'année scolaire 2018/2019 «l'année de l'école » se retrouve devant des carences multiples. Un cadre de l'administration locale a souligné que «certains collaborateurs du wali sont peu dynamiques. Le directeur des équipements publics ne semble pas se départir de la léthargie de son secteur dans la livraison des projets, contrairement aux autres maîtres d'ouvrage, qui se sont engagés à achever progressivement les travaux dans les derniers mois de l'année en cours». Dans la wilaya de Boumerdès, 23 groupements scolaires, deux collèges et deux lycées ont été lancés il y a moins d'une année. Mais, au vu du rythme d'avancement des travaux, leur ouverture ne se fera qu'à la prochaine rentrée scolaire.