A Téhéran, où ils se sont réunis hier pour évoquer le conflit syrien, les présidents turc, russe et iranien ont divergé sur l'offensive que doit mener l'armée syrienne dans la région d'Idleb, dernière grande région sous contrôle des groupes terroristes. L'idée d'un cessez-le-feu proposée par Ankara ne convainc pas Moscou. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, tout en rappelant son intention de maintenir la présence militaire turque dans la région, a estimé qu'une attaque dans la région d'Idleb serait un «désastre» et ne pourrait déboucher que sur un «massacre». Elle lui fait par ailleurs redouter un afflux de «millions de personnes» vers la frontière turque, alors qu'Ankara a atteint, selon lui, le maximum de sa capacité d'accueil de réfugiés. Selon lui, l'avenir de la coopération en Syrie de Moscou, Ankara et Téhéran dépendra de leur capacité à s'entendre au sujet d'Idleb dépendra. Selon le président turc, un cessez-le-feu dans la province d'Idleb serait préférable à une opération militaire de Damas. Il a estimé que si la rencontre pouvait déboucher sur une solution pacifique comme celle-ci, ce serait assurément une «victoire» à ses yeux. Mais son homologue russe a rejeté cette proposition, rappelant que l'Etat islamique et le Front Al Nosra n'étaient pas parties prenantes des discussions. De son côté, le président iranien Hassan Rohani a insisté sur la nécessité de mettre fin à la présence américaine en Syrie. «La présence et l'ingérence illégales des Etats-Unis en Syrie, qui ont conduit à maintenir ce pays dans l'insécurité, doivent rapidement cesser», a-t-il déclaré. Le chef d'Etat iranien estime que Washington et Israël auront appris à l'occasion de la guerre en Syrie qu'ils «n'atteindront pas leurs objectifs en armant des rebelles», alors que le Jérusalem Post avouait la veille avoir publié, à la demande de l'armée israélienne, un article révélant que Tsahal aurait fourni des armes à des rebelles syriens. «Combattre le terrorisme à Idleb est une partie inévitable de la mission consistant à ramener la paix et la stabilité en Syrie», a de plus rappelé le président iranien. Vladimir Poutine a rappelé qu'il était, selon lui, impératif que le gouvernement syrien recouvre le contrôle de la totalité de son territoire, alors que la province d'Idleb, comme le rappelait quelques jours plus tôt l'envoyé spécial en Syrie des Nations unies, Staffan de Mistura, abrite encore plusieurs milliers de terroristes. Il a en outre prôné une plus grande coopération entre la Russie, l'Iran et la Turquie dans le dossier syrien. Depuis janvier 2017, la Turquie, la Russie et l'Iran se sont portés garants du processus dit d'Astana. Le 4 mai 2017, un accord était signé dans la capitale kazakhe entre les trois puissances régionales établissant alors des zones de désescalade, dont une dans la Ghouta orientale (à l'est de Damas). Les Occidentaux boudent quant à eux le processus Astana.