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«L'éducation est le secteur qui souffre le plus» Mebrouk Azibi. Président de la commission éducation, enseignement supérieur et formation professionnelle à l'APW
Avant la rentrée scolaire, la commission que vous présidez a sillonné le territoire de la wilaya pour s'enquérir de la situation des établissements scolaires… Nous nous sommes focalisés surtout sur le secteur de l'éducation, puisqu'il représente un domaine sensible. C'est le secteur qui souffre le plus. Une centaine d'établissements scolaires ont fait l'objet d'une visite de la commission à travers 20 communes. Notre attention s'est portée surtout sur les écoles primaires. Nous avons recensé des problèmes urgents, auxquels des réponses doivent être apportées dans l'immédiat. Nous avons également rencontré et écouté les parents d'élèves, qui ont exprimé leur inquiétude quant à l'état des infrastructures fréquentées par leurs enfants. Quel constat avez-vous fait ? Nous avons relevé surtout des lacunes liées à l'hygiène, à l'état du bâti et à l'environnement de l'élève. Il suffit de se rendre dans les toilettes des établissements pour se rendre compte de l'ampleur de la catastrophe. Ceci est dû généralement au manque de personnel chargé de l'entretien, du nettoyage et de l'accomplissement des tâches quotidiennes à l'intérieur des écoles. Une bonne partie des écoles visitées présente une dégradation avancée des structures : problème d'étanchéité, d'électricité, des poêles à mazout défectueux, des conduites d'assainissement cassées, manque de tables et d'équipements pédagogiques… On a constaté des aires de jeux non aménagées, voire dangereuses, pour les enfants, des glissements de terrain et des établissements sans clôtures et d'autres dont les murs extérieurs menacent de s'effondrer et qui mettent en danger des vies. Les insuffisances sont surtout dans le primaire. Pourquoi ? Les écoles primaires sont gérées par les APC, mais celles-ci n'ont pas suffisamment de moyens pour répondre à tous les besoins. A ce propos, dans le cadre d'un programme national, 45 000 agents polyvalents seront recrutés pour combler le déficit dans les écoles, dont 1000 seront affectés à la wilaya de Béjaïa. Seulement, ces agents seront recrutés dans le cadre de l'ANEM, donc des postes précaires. Il y a aussi le mode de fonctionnement des APC qui ne permet pas d'agir rapidement sur les problèmes. Parfois, les cantines scolaires ne sont pas mises en service durant le premier mois qui suit la rentrée à cause de la lenteur de la procédure administrative qui permet d'alimenter la cantine en produits alimentaires. L'achat des produits pour une cantine obéit à la règle des marchés publics, une procédure lente qui entraîne son lot de désagréments, comme nourrir les enfants avec des repas froids. Il a été relevé également que dans certaines cantines on ne dispose pas d'assez d'équipements : ustensiles, chaises… Les infrastructures sont-elles suffisantes pour parer à la surcharge des classes cette année ? Je pense qu'il y a insuffisance en matière d'infrastructures. Des écoles ou des groupes scolaires doivent être construits. Ce manque a obligé les responsables à transformer des classes en cantines, réduisant ainsi le nombre de places pédagogiques. En tentant de régler un problème, on crée un autre, celui de la surcharge des classes, du système de jumelage qui est dû au manque d'encadrement, où on rassemble une cinquantaine d'élèves dans une seule classe en les mettant, parfois à trois par table. Ce système imposé est contre-productif. Il n'aide pas à l'épanouissement de l'élève et ne permet pas à l'enseignant de dispenser des cours dans de bonnes conditions. La surcharge des classes, nous l'avons vérifié lors de notre déplacement, avec le wali par intérim, lors du lancement de l'année scolaire, dans l'école Hitouche, au chef-lieu de la commune de Béjaïa, où des classes enregistrent jusqu'à 50 élèves. Il faut noter que la plupart des établissements des zones urbaines connaissent le même problème de surcharge. C'est pour cela qu'il faut penser à doter les nouveaux lotissements (Oued Ghir, Ibachirene…) en établissements scolaires et autres équipements publics pour baisser la tension sur les villes, relancer les établissements de remplacement et les projets qui sont en souffrance, comme le lycée mixte de Tichy, ceux de Barbacha et de Sidi Aïch. Qu'est-ce qui est préconisé pour répondre aux préoccupations des parents et des gestionnaires des établissements ? Afin de combler un tant soit peu toutes ces lacunes, nous avons prélevé sur le budget de wilaya des sommes d'argent pour l'entretien des écoles primaires, l'aménagement des cantines et un montant destiné pour les grosses réparations. Ainsi, les écoles primaires qui sont les plus mal loties ont bénéficié cette année de 43 milliards de centimes sur le budget de wilaya pour les besoins d'entretien. Pour l'aménagement et l'équipement des cantines, 15 milliards ont été débloqués dans le cadre du Fonds commun des collectivités locales et 9 milliards prélevés du budget de wilaya pour les grosses réparations. La cagnotte reste insuffisante pour répondre à tous les besoins. En plus de cela, l'APW, à travers la commission, a émis des recommandations qui seront transmises aux responsables de l'éducation afin d'améliorer les conditions de scolarité des élèves.