Des slogans à caractère politique, un match arrêté et un début de crise diplomatique… Encore une fois, les supporters des clubs algériens provoquent des polémiques internationales. Après le tifo géant des fans de l'AS Aïn M'lila qui avait suscité, il y a quelques mois, la colère des autorités saoudiennes qui ont dénoncé une atteinte au roi Salmane, un autre incident a été provoqué, dimanche soir, par les supporters de l'USM Alger. Alors que son club, engagé dans le Championnat arabe, disputait le match retour face à l'équipe irakienne des Forces aériennes, la galerie usmiste a provoqué l'arrêt de la partie à la 70e minute. Des slogans à la gloire de l'ex-président irakien, Saddam Hussein, scandés dans les tribunes du stade Omar Hammadi d'Alger, ont suscité la colère des joueurs et du staff du club irakien. Dénonçant des propos «sectaires et insultants», les visiteurs quittent le terrain et refusent, en dépit de l'insistance des joueurs de l'USMA, de poursuivre la partie. Visiblement, ce n'est pas seulement la glorification de Saddam Hussein qui est à l'origine de cette réaction de l'équipe des Forces aériennes. La violence verbale, devenue coutumière depuis quelques années dans les stades algériens, s'est étendue même à d'autres propos concernant la composante religieuse du peuple irakien. Le public du club algérois aurait même insulté les chiites, qui constituent une partie importante de la population de ce pays et qui se sont dits persécutés par Saddam Hussein durant son règne. L'ambassadeur d'Algérie à Baghdad convoqué L'affaire prend vite l'allure d'une crise diplomatique. Le ministère irakien des Affaires étrangères a convoqué, hier matin, l'ambassadeur d'Algérie à Baghdad pour protester officiellement «contre l'incident et demander des explications aux autorités algériennes». Les médias et les internautes irakiens ont également exprimé leur indignation face à «ce dérapage», rappelant que l'USMA a été chaleureusement accueillie en Irak. Certains internautes ont même répondu par l'insulte, en remettant en cause l'histoire de l'Algérie. De leur côté, les joueurs de l'USMA ont exprimé leurs regrets devant ce comportement «négatif» de leur public. Le gardien et capitaine du club, Mohamed-Lamine Zemamouche, affirme avoir présenté ses excuses à l'équipe irakienne. «J'ai présenté mes excuses en tant que capitaine d'équipe. Ce qui s'est passé n'est pas bon pour nous. C'est négatif. Espérons que les supporters cesseront de scander des slogans politiques et supporter l'équipe en chantant les slogans habituels de l'USMA», a-t-il déclaré à la presse juste après le match. Discours politique et violence dans les stades Cet incident rappelle, en tout cas, l'ambiance des stades algériens. Lors des compétitions locales, les gradins des stades, à travers tout le territoire national, se transforment en défouloir pour les jeunes. Ces derniers préparent, tout au long de la semaine, des chansons politiques qui sont reprisent en chœur. Mais pas seulement. Des insultes et des obscénités sont courantes et la chaîne nationale, ENTV, a souvent été contrainte de couper le son lors de la diffusion des matchs du championnat. Des supporters zélés lancent toutes sortes d'insultes à l'adresse des adversaires. L'année précédente, l'entraîneur de l'ESS, Abdelhak Benchikha, a démissionné de son poste après avoir été insulté par les supporters du club sétifien. Le défenseur du MCA, Abdelghani Demou, a lui aussi quitté le terrain en larmes suite aux insultes des supporters de son club. Lors de la finale de la coupe d'Algérie 2018 opposant la JSK à l'USMBA, le gouvernement et les hautes autorités du pays ont été également pris à partie par les supporters. Ce ne sont que quelques exemples témoignant que le mal qui ronge le football national est très profond…