La mise en place d'un programme de dépistage systématique des cancers du sein est indispensable, vu le nombre croissant de cas diagnostiqués chaque année en Algérie, a-t-on souligné lors du Symposium sur l'utilisation des nouvelles technologies du numérique dans le dépistage des cancers du sein, organisé la semaine dernière à Alger. « Avec environ 9000 nouveaux cas diagnostiqués par an, la mise en place d'un tel programme devient plus qu'impérative », indique le Pr Larbi Abid, chef de service de chirurgie viscérale et d'oncologie à l'hôpital de Bologhine, dans son intervention intitulée « Incidence du dépistage des cancers du sein en Algérie ». Cette pathologie, la première cause de décès chez la femme en Algérie, « continue de faire des ravages, vu le nombre croissant de malades qui ne cessent d'arriver dans les centres spécialisés », a-t-il insisté. Mais avant de mettre en place cette stratégie, il faut prendre en compte plusieurs facteurs, tels que les structures de diagnostic et de soins débordées, un parc de mammographes très faible ainsi que l'absence d'experts en imagerie médicale. En ce sens, il a indiqué qu'un dépistage « suppose l'existence d'une organisation étatique et professionnelle ; c'est-à-dire des structures et des équipements en termes de radiologie et de mammographie, à travers le territoire national ». Il souligne la « nécessité de disposer de médecins spécialistes (sénologues, radiologues) à même d'interpréter ces radiographies ». Pour sa part, le Dr Leïla Mousbahi, de la Faculté de médecine d'Alger, a déploré l'absence de formation continue des médecins et radiologues algériens, soulignant qu'être oncologue, radiologue ou chirurgien oncologue « n'implique pas nécessairement la maîtrise totale et parfaite des connaissances sur le dépistage du cancer du sein. Il faut les acquérir par la formation continue ». De son côté, le Dr Assia Moussaï, médecin spécialiste au service d'oncologie médicale du Centre Pierre et Marie Curie d'Alger (CPMC), a précisé que le cancer du sein est devenu « un problème de santé publique » puisque les deux tiers des cas diagnostiqués « le sont à un stade tardif », d'où l'importance de recourir à des moyens plus rapides, telle la mammographie numérique. S'agissant du coût, le Dr Moussaï a indiqué que le diagnostic est estimé 17 600 DA, les examens pré-thérapeutiques et de radiologie sont évalués 8000 DA chacun, tandis que le coût de la chirurgie se situe entre 30 000 et 45 000 DA. Le Pr Boubrit, chef du service de radiologie à l'hôpital de Beni Messous, a qualifié la mammographie numérique de « révolution » dans le monde médical qu'« il faut acquérir ». En mammographie numérique, le traditionnel couple écran-film est remplacé par un capteur numérique qui peut être de trois types : écran radio-luminescent à mémoire (ERLM), capteur numérique plein champ et le système à balayage. Selon le Pr Boubrit, la numérisation du dépistage offre beaucoup d'avantages, tels que le stockage d'informations, la fiabilité et la rapidité du dépistage. Il a également souligné l'importance de l'utilisation d'un système informatique automatique d'aide au diagnostic (CAD), pouvant améliorer le taux de détection des cancers du sein, en corrigeant les erreurs de détection. « Le CAD, composé d'algorithmes les plus performants, notamment dans la détection des masses, est considéré comme un complément précieux du médecin radiologue », ajoute-t-il.