L'importance du dépistage précoce du cancer du sein a été une fois de plus mise en avant par des spécialistes et l'association El Amel d'aide aux cancéreux. Car sur les 35000 tumeurs malignes diagnostiquées chaque année, le cancer du sein vient en première position avec 7000 cas. C'est ce qui a été révélé hier lors de la conférence-débat organisé par le forum d'El Moudjahid. Pour les cancérologues du centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d'Alger il y a urgence. Le professeur Kamel Bouzid, chef du service oncologie au CPMC, a tenu à signaler la nécessité d'un dépistage précoce pour «éviter à l'Etat les lourdes prises en charge des patients sachant que la prise en charge d'un cancéreux revient à un milliard de centimes par an ». D'autant que le nombre des ces pathologies est en nette augmentation. « En 1977, le service d'oncologie du CPMC a opéré 20 cas, en 2008 leur nombre a atteint 2500», précise le professeur. La solution réside selon lui dans la mise en place d'un plan national de lutte contre le cancer. « Une décision qui doit être prise par les hautes autorités du pays car il s'agit d'un geste politique ». Car actuellement, « les circuits et les moyens de traitement sont inaccessibles dans des délais acceptables ; 80% des cas arrivent au stade métastatique », prévient-il. Face à ces drames la situation sanitaire n'est guère reluisante : inexistence de dépistage de masse, manque de compétence nationale en mammographie de dépistage, bien que le parc de mammographes soit suffisant. « Il existe plus de scanners et de mammographes que de radiologues », relève-t-il. D'après l'intervenant, le dépistage ne peut se faire dans les centres d'imageries appartenant à la CNAS comme l'avait annoncé le ministère du travail et de la sécurité sociale, qui a instruit la caisse nationale d'assurance santé de créer des annexes au niveau de tout le territoire national pour le dépistage et de les équiper de tout le matériel nécessaire. « Le dépistage doit se faire dans une unité de référence, homologuée par la formation spécialisée de médecins, par le nombre des dépistage effectués de l'ordre de 500 par an et par la conformité de ses équipements aux cahiers des charges contrôlés à l'intérieur de la structure et à l'extérieur », précise le Pr. Bouzid. LE CPMC : LE RÉCEPTACLE DE TOUS LES CANCÉREUX Une telle décentralisation des soins allégerait la pression sur un CPMC saturé devant le flux des malades des différentes wilayas du pays alors que des « structures au niveau des hôpitaux de Beni Messous, Beaufraisier et Bab El Oued sont désaffectées ». « Une correspondance a été adressée à la tutelle en mars de l'année en cours et nous attendons toujours un éventuel aménagement des lieux pour réduire la pression sur le CPMC», affirme le professeur Bouzid. Le professeur Salah Bendib, oncologue au CPMC, a lui aussi parlé de la nécessité de mettre en place un plan de dépistage renforcé par un circuit de traitement assuré par une équipe pluridisciplinaire et éviter ainsi les déplacements fatigants et onéreux des malades et de leurs familles. Il a annoncé à cette occasion l'ouverture dès janvier 2010 d'un centre pilote de dépistage dans la commune de Sidi M'hamed. Toutefois, comme le souligne la présidente de l'Association El Amel d'aide aux cancéreux, Mme. Kettab jusqu'à l'heure aucun équipement (mamographe, échographe) n'a pu être réceptionné au risque de compromettre ce projet. N'empêche, son association a lancé durant le mois d'octobre une caravane de sensibilisation et d'information sur le cancer du sein à travers les villes de Djelfa, Laghouat et Ghardaïa. « Cette campagne vise à sensibiliser les autorités afin d'arriver à mettre en place le dépistage du cancer du sein », indique-t-elle.