La question de la surcharge des classes s'est posée avec acuité à l'occasion de la rentrée scolaire cette année. Les élèves des trois paliers, surtout ceux du primaire, se retrouvent à 50 et plus dans des classes exiguës, dépourvues de mobilier adéquat. Le problème est signalé particulièrement dans les grands centres urbains. A la périphérie d'Alger, des élèves n'ont pas pu rejoindre leurs classes faute de place. D'autres se sont retrouvés entassés à l'entrée de leur établissement en raison du manque de tables et renvoyés chez eux par des directeurs d'établissement dépassés. Au quartier Bellouta, dans la commune de Saoula (Alger), le CEM, qui était à l'origine une école primaire, accueille jusqu'à 50 élèves par classe. «J'ai difficilement inscrit mon fils dans cette école qui accueille 1200 élèves, signale un parent. On m'a répondu que même si je ramenais une table et une chaise, je ne pourrais pas inscrire mon fils. La première année moyenne est composée de 9 classes, toutes prises d'assaut : 50 élèves se serrent dans des classes d'une structure qui était destinée à être une école primaire.» L'école est dépourvue de tout, ni stade, ni même laboratoire pour les matières de physique et de sciences naturelles. A Kheraissia, des enfants de la cité 1600 Logements, livrée en 2016, ne disposent pas d'école digne de ce nom. Les élèves du CEM ont été «parqués» dans une base de vie de la société chinoise chargée des travaux de réalisation de la cité. «Il n'y a rien qui puisse faire penser qu'il y ait une rentrée ou même une école ; il n'y a ni chaise ni table», s'offusque le père de deux garçons. Réunis en collectif, les parents d'élèves ont menacé de sortir dans la rue pour «pousser l'académie à mettre nos enfants dans une école adéquate». Les associations de parents d'élèves et les syndicats ont alerté sur cette situation. «On n'a jamais connu un tel phénomène. Dès le premier jour de la rentrée, le problème de la surcharge a surgi, alors que d'habitude, il se pose fin septembre», relève le porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste), Messaoud Boudiba. Sadek Dziri, de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) a indiqué que l'année scolaire 2018/2019 «est une année de surcharge par excellence». Le préfabriqué, la solution de replâtrage ! Pour Boudiba, la raison en est la «mauvaise préparation de la rentrée». «Il y a ces nouvelles cités sans école. Des parents d'élèves n'ont pas trouvé où inscrire leurs enfants, particulièrement dans les grandes villes, à Constantine, à Alger-Est et Ouest… Il y a aussi un problème dont on ne parle pas, celui de la compression des effectifs. Il n'y a pas d'enseignants, et donc, les élèves sont regroupés», regrette-t-il. La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, a annoncé une série de mesures pédagogiques et structurelles qui ont été préconisées pour faire face au problème de la surcharge des classes dans les établissements scolaires. Dans une déclaration à l'APS, Mme Benghebrit a expliqué que le taux de redoublement ou de l'échec scolaire «constitue un problème pour le secteur, car il est une des causes de la surcharge de classe», avec d'autres facteurs liés au retard accusé dans la réalisation de projets, après leur dégel. La ministre a fait savoir que parmi les solutions adoptées pour cette année scolaire, les classes en préfabriqué auxquelles le secteur a recouru dans les zones d'Alger-Est et d'Alger-Ouest, entre autres, en raison de la forte affluence de nouveaux élèves, notamment pour le cycle obligatoire, suite aux opérations de relogement dans ces régions. Elle a expliqué que pour pallier à cette situation «exceptionnelle et temporaire», il a été procédé à l'installation de 2 à 4 classes «préfabriquées» dans des établissements scolaires ou au niveau d'espaces vacants contigus, soulignant toutefois que cette solution «ne réglera pas le problème de la surcharge des classes de manière définitive». Citant d'autres solutions, elle a fait état de l'adoption du système de la double vacation, notamment pour le cycle primaire, outre les classes mobiles au cycle moyen. Pour les partenaires de la ministre, la solution «n'est pas suffisante» et «ne doit pas devenir la règle».