«Devant la passivité des responsables et le silence des élus locaux et malgré les multiples alertes données par le passé, l'unique zone humide est entrée, aujourd'hui, dans une phase d'agonie menaçant gravement son existence… C'est pourquoi une mobilisation citoyenne est nécessaire pour œuvrer, en amont et en aval, afin de passer à l'action en réclamant une intervention rapide des autorités». C'est en ces mots que des associations locales, des collectifs citoyens et des défenseurs de la nature ont tiré, de nouveau, la sonnette d'alarme face au desséchement du lac de Sidi M'hamed Benali, un plan d'eau artificiel situé à 3 kilomètres de la ville de Sidi Bel Abbès. «C'est un véritable désastre écologique qui est en train d'être perpétré à quelques encablures de la ville», dénoncent des habitués de cet espace de détente et de loisirs, très prisé par les familles de la région. La baisse du niveau d'eau du lac est liée, expliquent-ils, à l'état défectueux de la station de relevage manuelle (Toma) et des deux canaux alimentant le lac à partir de l'oued Mekerra. Dans un appel à la mobilisation citoyenne, largement partagé sur les réseaux sociaux, le constat établi sur les lieux fait ressortir une situation d'abandon total des structures servant à l'approvisionnement du lac en eaux pluviales. «L'ouvrage de relevage (Toma) et ses deux accès, depuis l'oued Mekerra, vers les canaux alimentant le lac, n'est plus fonctionnel. L'un des accès est hermétiquement et volontairement fermé au moyen de tôles soudées. Quant au second, il est bouché par les détritus charriés par les crues», soulignent les initiateurs de cet appel, qui ont également des photos et des vidéos appuyant leurs dires. Aussi, les canaux à la sortie de la Toma sont complètement envahis par la vase et les herbes d'une certaine hauteur, prouvant leur non-curage depuis très longtemps. Alors que le canal historique de l'ouvrage, réalisé durant la période coloniale, montre des signes évidents de détérioration très avancée, voire complètement détruit par endroits. «Depuis l'oued Mekerra et jusqu'à l'entrée du lac, nous n'avons constaté aucun signe patent de passage des eaux des crues lors des dernières précipitations. Donc le lac n'est plus alimenté à partir de l'oued Mekerra, et ce, depuis des années», précisent-ils, tout en estimant que les directions de l'urbanisme et des ressources en eau sont dans l'obligation de donner des explications à la population sur cette affaire. D'autre part, les initiateurs de cet appel s'interrogent sur la pertinence des choix de terrains pour la réalisation de programmes de logements, en citant le projet AADL implanté sur la route de Tessala. «Le projet de réalisation d'une station de relevage automatique située en face du projet AADL est une grave erreur de choix de terrain et serait l'une des causes de l'assèchement du lac», affirment-ils.