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«Le barrage de Beni Haroun est hautement pollué»
L'association Nour tire la sonnette d'alarme
Publié dans El Watan le 14 - 01 - 2013

Le plus grand complexe hydraulique du pays, alimentant en eau potable, en plus de Mila, cinq autres wilayas, est-il en train de péricliter ?
Des spécialistes tirent la sonnette d'alarme sur les dégâts causés par la pollution et l'envasement qui menacent sérieusement la viabilité de l'ouvrage. Analysé sous le prisme de la version dithyrambique officielle, ce mégaprojet, qui a valu à l'Etat un budget astronomique, est perçu comme une fierté locale, voire nationale. L'on ne cesse de s'étendre sur ses projections futuristes dites prometteuses comme l'approvisionnement en eau potable des ménages H24 dans un futur proche, la relance de l'agriculture à travers l'irrigation du périmètre de Téleghma d'une superficie de 8000 ha, l'essor touristique et, «cerise sur le gâteau», la réalisation future, sur l'immense plan d'eau du barrage Beni Haroun, d'une plage artificielle.
Si tout semble baigner dans l'huile, rares sont les responsables des secteurs publics en charge de la gestion, l'exploitation et la maintenance de ce complexe hydraulique à lever le voile sur les carences et dysfonctionnements qui l'affectent. Nour Beni Haroun de protection de l'environnement, cette petite association de l'Algérie profonde, a mis les pieds dans le plat pour dénoncer la lente agonie de ce géant aux pieds d'argile. Selon l'association, la donne a été faussée dès le départ. C'est-à-dire durant la période précédant la mise en eau du barrage, fin 2004. Période durant laquelle ont été lancées des opérations d'envergure d'abattage d'arbres, d'extraction de la flore et de nettoyage de toute l'étendue du lac. «Si la première phase s'est très bien passée avec l'arrachage de quelque 9000 oliviers du côté de Sidi Merouane, les actions de ‘‘démaquisage'' et d'incinération des végétaux au titre des étapes 2 et 3 du projet ont été bâclées car expédiées à la hâte et réalisées en violation des dispositions contenues dans les cahiers de charges», affirme Hacène Boukazoula, président de cette association.
Et d'enchaîner : «Du point de vue de la réglementation, le programme de désouchage et de déblaiement de la cuvette du barrage devaient être ponctués par l'enlèvement systématique des souches et des branchages hors bassin et leur incinération. Mais rien de tout cela n'a été fait. Plus grave encore, des vergers entiers ont été immergés dans les régions de Kikaya et Beinen, provoquant le pourrissement des racines avec tout ce que cela induit comme prolifération de bactéries. Des centaines d'arbres ont connu le même sort. Et pour voiler aux regards indiscrets le nombre incalculable de souches enfouies du côté de la digue, on a procédé à la fermeture des vannes pour accélérer le processus de remplissage.»
Pollution et envasement, des dangers banalisés
M. Boukazoula dit encore : «Le bassin de Beni Haroun est devenu, bêtise et insouciance humaine conjuguées, un véritable réceptacle d'impuretés et de rejets en tous genres. Le pourtour du barrage, dont la longueur de queue dépasse les 35 km, est, dans une très grande proportion, dénudé et loin d'être sécurisé en matière de reboisement. La preuve en est l'érosion et l'effritement effrénés des berges et l'accentuation du phénomène d'envasement.» Pour lui, il y a trois périmètres de sécurité autour du barrage. En plus des abords immédiats, censés être consolidés avec l'implantation massive d'espèces d'arbres adaptées à la nature physique des lieux, afin de prévenir les glissements de terrain en grande masse, il y a un périmètre très rapproché où aucune activité agricole n'est permise et un autre destiné aux cultures biologiques sans l'usage de produits chimiques. «Or, et c'est là que le bât blesse, on assiste (preuve à l'appui) à une concentration d'exploitation de cultures maraîchères à très fort usage d'engrais chimiques au niveau de la première zone de sécurité», martèle-t-il.
Le déficit manifeste de reboisement des berges sur les terrains en forte pente entraîne une érosion impressionnante et des glissements de terrain en grande masse. L'exemple des localités de Bouksiba et Kikaya en est l'illustration édifiante. Des cadres de l'association sont catégoriques quant à la lente agonie de l'ouvrage. Se basant sur des prélèvements effectués, en 2006, sur différents oueds en crue et à des périodes diverses, les cadres de l'association Nour, après la mise en décantation desdits prélèvements, leur séchage et pesage, en ont déduit qu'un litre d'eau donne 2 grammes d'envasement, soit 2 kg au mètre cube et 1,63 t/ha/an. C'était du temps où le remplissage du barrage avoisinait les 400 millions de mètres cubes. Réagissant au grief relatif au déficit de reboisement, le conservateur des forêts, Ahmed Yahiaoui, balaye l'argument d'un revers de main : «Des études concernant les actions prioritaires ciblées à entreprendre en matière de fixation des berges sont achevées.
C'est la nature juridique du pourtour du lac et l'opposition des riverains qui posent problème. La véritable contrainte que nous rencontrons, ce n'est pas tant l'inscription d'opérations de reboisement et de repeuplement. Nous avons pu relancer des programmes de mise en place d'un couvert végétal permanent, qui étaient à l'arrêt depuis 2006. Mais, à chaque fois, on est bloqué par les agriculteurs de la région, comme à Hamala et Chigara.» L'un de ses proches collaborateurs considère que «les techniques culturales adoptées par les agriculteurs dans les zones limitrophes du barrage sont inappropriées», que «les pratiques agricoles sur terrains pentus encouragent l'érosion» et qu'«a fortiori, à la faveur des précipitations, le ruissellement des eaux pluviales favorise la naissance de talwegs et de ruisseaux qui, à leur tour, charrient et déposent dans la cuvette du barrage boue et déchets».

Huileries et stations de lavage-graissage mises en cause
Nos interlocuteurs sont formels : «Si les eaux usées de Grarem, Mila et Sidi Merouane sont traitées au niveau de la station d'épuration (STEP) sise dans la dernière localité citée, celles des agglomérations de Anouche Ali et Sibari ne sont pas épurées. En outre, sur une dizaine d'huileries dénombrées, seuls les rejets liquides des unités de Grarem, Mila et Sidi Merouane passent par la STEP. Les liquides résiduels, appelés dans le jargon technique ‘‘margine'' émanant d'autres unités similaires, déversés dans la nature, sont aussi polluants que dangereux dès lors qu'ils sont directement charriés via les cours d'eau dans le lac du barrage». Cette matière toxique, indique-t-on, dissout des métaux lourds hautement cancérigènes. Il en est de même du danger de la lixiviation (lessivage). C'est une espèce de jus secrété par les décharges non contrôlées se trouvant en amont du lac. Extrêmement nocive, cette matière suit, à la faveur du ruissellement des eaux pluviales, son cheminement naturel et se dépose dans le barrage.
«Pis encore, poursuivent nos interlocuteurs, l'entreposage de monticules d'ordures et de carcasses d'ovins dans les cours d'eau (nous avons des preuves formelles), le rejet de lubrifiants et d'huiles de vidange générés par l'exploitation de stations de lavage et graissage (les exemples des stations de Grarem, Rouached, Ferdjioua et Oued Endja est saisissant à cet égard), le déversement d'eaux usées dans les oueds et affluents, alimentant le lac du barrage, sont autant de sources de pollution, dont on semble minimiser l'impact destructeur.» Argument battu en brèche par la première responsable de l'environnement. Sur ce point, la directrice intérimaire, Mme Feriel Bencharif, est explicite : «Je confirme que s'il y a pollution et envasement du barrage, le mal ne provient nullement des huileries et des stations de lavage-graissage. Ces unités disposent d'autorisation réglementaire et sont dotées de bassins de décantation.»
Requérant l'anonymat, une autre source très au fait du dossier étaye le jugement ci-dessus tout en levant le voile sur la problématique des cultures intensives aux abords du barrage. Grief qui recoupe la mise en garde de l'association Nour sur le non-respect des périmètres de sécurité. «Beni Haroun n'est pas industriellement pollué, c'est la prolifération illicite de champs de melons et de pastèques, cultures à fort usage de pesticides et d'engrais, dans les périmètres rapprochés du lac qui portent préjudice et nuisent à la faune aquatique. La preuve étant que des dizaines d'agriculteurs expropriés, en dépit de leur indemnisation, continuent d'exploiter, au vu et au su de tous, des terres reprises par l'ANBT, allant jusqu'à pomper illégalement l'eau du barrage pour les besoins de l'irrigation. Ont-ils des autorisations ? Si oui, qui en est l'initiateur», s'interroge notre source. Et de marteler : «Des milliers de poissons sont morts au début de l'été dernier à cause du déversement inconsidéré de pesticides dans le barrage. Des bancs de gros poissons décimés (carpes), flottant sur les rives du lac, ont été ‘‘soigneusement évacués'' le lendemain même pour effacer toute trace de cette mascarade.» Pour rappel, dans l'une de nos éditions, nous avions interpellé le directeur de l'ANBT, Azeddine Lemanaâ, sur cette dérive. Mais, ce dernier n'a rien vu d'autre que «la mort d'une dizaine de poissons provenant des invendus rejetés dans le lac par les pêcheurs informels» (sic !).
L'ANBT et l'ONA s'inscrivent en faux contre leurs pourfendeurs
Le même responsable souligne que «tout barrage de par le monde est exposé au phénomène de l'envasement». Et de poursuivre : «Etant à la jonction du plus grand bassin hydrographique (il s'agit du n°10) qui s'étend jusqu'à la wilaya d'Oum El Bouaghi, cette importante retenue (le barrage) est à la merci de la pollution, qu'on le veuille ou non. L'important est de mettre en place certaines actions qui nous évitent un envasement considérable. A ce titre, je ne citerais que les 150 ha de reboisement en rive droite que l'ANBT a mis, cette année, à la disposition de la Conservation des forêts.» Notre interlocuteur indique aussi que par le biais de la mise en place, il y a deux ans, de brigades de surveillance et contrôle du plan d'eau, des infractions ont été relevées et leurs auteurs ont été confondus. De son côté, Menouar Kouachi, directeur de l'Office national d'assainissement (ONA) s'insurge : «La STEP de Sidi Merouane, réceptionnée en 2009, est très sophistiquée. Je confirme qu'elle n'est jamais tombée en panne.
Dès qu'il y a un problème, nous actionnons le système de basculement pour assurer la continuité du traitement des eaux usées. L'installation mise en cause (la STEP) fonctionne normalement, au même titre que celle de Oued Athmania. Hormis l'incident de la rupture de la conduite en amiante-ciment de la station de relevage (SR) de Grarem, suite à un glissement de terrain, il n'y a pas eu de panne majeure.» Puis d'expliquer : «La wilaya est jusqu'ici dotée de 11 SR, 7 à Sidi Merouane et 4 à Oued Athmania. Avec la prochaine réalisation de deux autres STEP, l'une couvrant oued Endja, Zeghaïa et une partie de l'université, une autre au profit de Ferdjioua et Aïn Beïda Ahriche ainsi qu'un projet centralisé de création d'une structure analogue pour Rouached et Boughardayène, nous arriverons à un taux de 80% de traitement de l'ensemble des eaux usées.»


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