En témoigne : au 1er janvier 2018, la population résidente totale a atteint les 42,2 millions d`habitants, contre 41,3 millions en 2017 et 40,4 millions en 2016), d'après les derniers recensements de l'Office national des statistiques (ONS). Mieux, en 2017, le volume des naissances vivantes a dépassé pour la quatrième année consécutive le seuil du million. Le phénomène de surnatalité est donc bien réel et les appels à la modération nataliste et à la surveillance de plus près du régime démographique, qui commencent à retentir, se justifient. D'autant que sociologues, comme démographes, s'accordent à considérer que, dans tous les pays économiquement fragiles, la croissance démographique pourrait constituer un frein au développement, de par les conséquences néfastes sur l'utilisation des ressources naturelles, la qualité de la vie et sur tant d'autres niveaux que la surpopulation est susceptible d'avoir, notamment en matière d'emplois. Surtout que, à en croire le constat de l'ONS, au 1er janvier 2018, le nombre de citoyens de moins de 25 ans était de 18,76 millions, soit 45% de la population globale, et les moins de 30 ans, de 22,48 millions (54%). Pis, la moyenne de 580 000 naissances du début des années 2000 a aujourd'hui presque doublé, avec les 1,06 million de naissances vivantes enregistrées auprès des services de l'état civil en 2017, une nouvelle génération pour laquelle le pays est appelé à trouver les moyens de la gérer quand elle sera adulte. Car, comme le constate le célèbre géographe français Laurent Chalard, «… dans un contexte de chômage de masse endémique, qui n'apparaît pas dans les statistiques officielles, et de faible création d'emplois, en particulier dans le secteur privé, les perspectives de trouver un emploi dans le futur aux générations pléthoriques est mal engagé». Face à ce redémarrage spectaculaire des naissances, le défi alimentaire ne peut également pas être négligé, pour cet expert des évolutions socio-démographiques et économiques des territoires : «Si la nature algérienne devrait potentiellement permettre de nourrir les quelques dizaines de millions d'habitants supplémentaires, en l'état actuel du niveau de développement de l'agriculture algérienne, cela risque d'être compliqué, étant donné les difficultés à atteindre.» Le recours au malthusianisme démographique, (système politico-économique prônant le contrôle de la démographie afin de pouvoir maîtriser les ressources) s'imposerait-il donc à cette Algérie qui continue de naviguer à vue depuis le déclenchement de la crise financière en juillet 2014 ? Aux yeux du Dr Chalard, même si les éléments négatifs semblent largement l'emporter, cette surnatalité pourrait aussi être une potentielle source de conséquences positives, notamment du point de vue géopolitique : «La poursuite d'une croissance démographique soutenue conduira probablement l'Algérie à devenir plus peuplée que la France à terme et à en faire la puissance démographique dominante du Maghreb, le Maroc, à la fécondité moindre, semblant se distancer. Le pays devrait donc voir son poids géopolitique se renforcer sur la scène internationale».