Le phénomène de l'analphabétisme continue de toucher un grand nombre de personnes et sévit d'une manière particulière dans les zones rurales et encore enclavées. En effet, le fléau concerne quelque 256 000 personnes dont une importante proportion de femmes qui constitue d'ailleurs le segment le plus vulnérable. A titre illustratif, le taux d'analphabétisme dépasse les 40% à travers la wilaya de Médéa, selon les données fournies par le dernier recensement de la population et de l'habitat. Cependant, sa répartition n'est pas uniforme, variant de 26,50% au chef-lieu de Médéa, à plus de 88% à Baâta et Bouaïche, deux communes situées en montagne. Pour réduire les effets du phénomène, des mesures tendant à l'élargissement de l'enseignement en direction des adultes ont été prises par l'Office national d'alphabétisation et d'enseignement. Ce dernier a ouvert des classes d'initiation et d'enseignement dans de nombreuses localités où de plus en plus de femmes et d'hommes fréquentent les cours d'alphabétisation. L'affluence est des plus manifestes, puisque l'effectif des apprenants a déjà atteint quelque 1656 inscrits dont 1405 femmes, selon les statistiques fournies par l'antenne locale de l'Office national d'alphabétisation et d'enseignement pour adultes. Répartis à travers 103 classes ouverts dans plusieurs communes, les apprenants sont issus de tous les milieux et comptent des élèves de tout âge. Cependant, les motivations poursuivies sont souvent différentes et parfois même éloignées, selon qu'il s'agisse d'une jeune fille qui ambitionne de s'armer de savoir pour mieux affronter l'avenir, ou d'une femme âgée et grand-mère dont le souci est d'apprendre à lire le livre sacré. On nous rapportera le cas de cette jeune fille rurale qui, fuyant la violence terroriste, passait près d'une école à Ksar El Boukhari et s'arrête pendant de longues minutes pour observer les élèves jouer dans la cour. Remarquée par une enseignante alors qu'elle transportait des jerrycans sur le dos de son âne, elle est interrogée sur ses vœux. L'enseignante qui a pris l'initiative a tout fait pour exaucer son vœu, de fréquenter l'école et d'apprendre à lire et à écrire. C'est sous l'œil bienveillant de l'enseignante que la jeune fille est aujourd'hui universitaire, tout en restant reconnaissante à la dame, aujourd'hui retraitée qui a veillé sur elle pendant quelques années. Nombreuses aussi sont les femmes âgées qui n'ont pas manqué d'abnégation pour assimiler les rudiments de la langue et de relever le défi d'écrire des poèmes ou d'entretenir des échanges épistolaires ou remplir des documents administratifs.