Yanis Ighassanen, une personne en situation de handicap vivant au village d'Ighrem, ne peut se déplacer qu'avec l'aide d'un membre de sa famille ou d'un voisin. C'est une situation alarmante que vit ce jeune homme de 21 ans. Issu d'une famille modeste, d'un père qui a ouvert un petit magasin au village et frère de deux petites filles, Yanis se trouve incapable de se doter d'une moto ou au moins d'une chaise roulante pour faciliter ses déplacements et son intégration dans la société. Suite à sa réussite à l'examen de sixième, Yanis est resté enfermé chez lui pendant 5 ans, car il n'a pas pu être accepté par l'administration de l'époque du CEM Daoud Eddine Abderrahmane, faute de chaise roulante et d'un auxiliaire de vie. Les responsables n'ont pas trouvé d'autre solution que de le livrer à son sort dès le premier jour. Aujourd'hui, il est élève en quatrième année moyenne à l'école du jeune citoyen d'Akbou depuis la rentrée 2015/2016. Il a besoin d'une moto afin de se rendre aux cours avec moins de difficultés. Il a déposé une demande auprès de la DAS pour bénéficier d'une aide, mais elle est en attente depuis 2017. Le dossier déposé est complet et appuyé par l'association SID, de sensibilisation, insertion et développement des personnes en situation de handicap d'Akbou. Après insistance, Yanis est désespéré quant à disposer de ce moyen de déplacement qu'il a demandé. «Je ne demande qu'une moto électrique et je l'attends depuis une année. A votre avis, j'attendrai combien d'années pour avoir mon droit le plus élémentaire d' accéder au statut de citoyen ? Car même au cas où je possède une chaise cela ne me permettra pas d'accéder à la vie sociale, faire mes papiers dans des institutions dotées d'escaliers, prendre le bus qui ne satisfait même pas les valides ou même faire des études dans les établissements qui ne reconnaîtront pas l'utilité d'en faire pour quelqu'un dans ma situation», nous déclare le jeune Yanis. Quant aux raisons qui le poussent à insister sur le fait que ce soit une moto dont il a besoin, il répond : «Je veux juste plus d'autonomie et de liberté pour me déplacer afin de ne pas me sentir tel un bagage qui attend d'être porté à chaque fois que j'ai envie d'aller quelque part, pour ne pas demander des sacrifices à tout mon entourage, pour pouvoir être, un tant soit peu, libre de circuler mais surtout de sortir de cette routine qui tue toute volonté de réfléchir à l'avenir».