Les nouvelles recommandations internationales rendues publiques par les deux associations américaine et européenne ne risquent pas d'être appliquées en Algérie, selon la majorité des spécialistes algériens qui ont pris part à ce grand événement européen, qui a vu la participation de 1500 congressistes venus des quatre continents. «Les directives sont claires et précises et leur application nécessite des moyens dont nous ne disposons pas encore dans notre pays», regrettent les participants à ce congrès. «L'arsenal thérapeutique dans la prise en charge du diabète dans sa globalité, comme cela a été recommandé par les deux associations, a connu une réelle révolution, malheureusement ces produits présentés à cette rencontre scientifique internationale ne sont pas tous disponibles en Algérie. Certaines molécules pour lesquelles les experts ont donné leur accord ne sont pas toujours remboursées. Il est donc impossible de suivre le schéma thérapeutique indiqué dans ces directives internationales alors que la majorité de nos patients arrive déjà avec des complications qui nécessitent des réajustements des traitements, malheureusement nous sommes encore dans ce débat et cette dichotomie : ministère de la Santé et ministère du Travail et de la Sécurité sociale pour rembourser ou non, alors que ces produits, les SGLT-2 et les analogues GLP-1, ont montré leur efficacité en termes de protection contre les complications cardio-vasculaires, l'une des complications majeures chez les diabétiques», regrette le Pr Mourad Semrouni, président de la Société algérienne de diabétologie. Le diabète est une maladie évolutive, il est clair que les schémas thérapeutiques évoluent avec la maladie. «On ne peut pas continuer à traiter le patient diabétique de la même manière qu'il y a dix ans. Ce qui est demandé aujourd'hui en termes thérapeutiques ne pèsera pas aussi lourd que les coûts qui vont engendrer les complications», relève le Pr Mohamed Arrar, diabétologue au CHU d'Oran. L'actualisation des schémas thérapeutiques s'impose, selon le Pr Rachida Guermaz, professeur en médecine interne à l'EHU de Birtraria à Alger. Elle estime qu'il est important de travailler au préalable sur la prévention en mettant en place des stratégies de lutte intégrée des facteurs de risque de cette maladie. Comme il est important d'agir sur les aspects liés à l'alimentation, telle que la réduction du sucre, sel et matières grasses, tout en renforçant l'activité physique, sachant que l'obésité fait le lit au diabète. «Ceci dit, les nouvelles thérapeutiques s'imposent face à cette maladie qui évolue dans notre pays», a-t-elle ajouté. Pour Malika Bachaoui, chef de service de médecine interne à l'EHU d'Oran, la prise en charge du diabète a connu une évolution importante durant ces dernières années. «Il s'agit d'une maladie chronique qui nécessite effectivement l'implication du patient dans sa prise en charge afin qu'il puisse être autonome. L'éducation thérapeutique reste le moyen efficace dans la gestion de la maladie», a-t-elle indiqué, tout en regrettant l'absence d'un consensus national dans la prise en charge du diabète en Algérie, que ce soit dans le secteur public ou privé. «Les protocoles de prise en charge du diabète ne sont pas toujours appliqués de la même manière dans les différents centres dédiés à cette fonction. Ce qui rend d'ailleurs difficile le suivi de certains patients, d'où l'apparition de complications parfois très lourdes», a-t-elle souligné tout en recommandant d'instaurer de manière obligatoire les cycles de formation médicale continue aux professionnels de santé, notamment les généralistes et les spécialistes.