Pour le commun des Algériens, notamment des régions berbérophones, Yennayer est uniquement un événement traditionnel célébré chaque année le 12 janvier pour marquer le nouvel an berbère. Pour d'autres, c'est plutôt l'expression d'appartenance à une civilisation berbère millénaire. Une manière de fixer dans les calendriers en usage à travers le monde celui des Berbères. A l'instar des civilisations humaines (les Chinois, les Arabes, les Russes, etc.), Imazighen fêtent le nouvel an suivant un calendrier ancien, basé sur les changements des saisons et les différents cycles agricoles de la végétation qui déterminent le travail de l'agriculture. Si pour beaucoup de personnes, Yennayer a une dimension civilisationnelle et identitaire, pour d'autres, c'est un jour férié de plus. Sans plus. L'avènement du nouvel an berbère est suivi des rituels observés dans différentes régions d'Algérie et même d'Afrique du Nord. C'est ainsi qu'en Kabylie, généralement, Amenzu n Yennayer (premier jour de janvier) est célébré par les anciennes générations par la préparation d'un repas spécial et l'accomplissement de rites ayant trait aux travaux des champs. Mais tous ces actes portent une même croyance : présager des récoltes abondantes et expulser les mauvais esprits. Dans la même région, en plus du repas spécial (du poulet, du couscous), des différents gâteaux (beignets, crêpes, des feuilletés de semoule cuits : lmsemen, etc.), d'autres rites sont accomplis, tels que la coupe de cheveux pour les garçons, leur accompagnement au marché pour leur première sortie pour l'achat d'une tête de bœuf (présage pour qu'ils soient leaders). La coupe de cheveux pour les jeunes garçons et la taille des arbres qui a lieu à la même période symbolisent la longévité. Dans certaines régions, les paysans enfonçaient des branchages de lauriers dans les champs, nettoyaient les coins de la maison, disant « hrab ya mares » (dehors, mares, un microbe destructeur). Cependant, au-delà de la célébration d'une date, Yennayer est aussi une supplique que l'on adresse à la nature. La fertilité, la générosité et la profusion font ainsi partie des prières. Néanmoins, Yennayer a aussi des références et des repères historiques. Pour les spécialistes, Yennayer symbolise le premier jour du calendrier agraire en usage depuis l'antiquité dans toute l'Afrique du Nord. Selon le calendrier berbère, nous sommes en l'an 2955. Aussi, pour les historiens, l'avènement de Yennayer remonte à 951 avant Jésus-Christ. La même année, explique-t-on, un roi bebère, Shashneq conquit l'Egypte et régna sur le pays et fonda la 22e dynastie pharaonique. Selon les historiens, le calendrier agraire berbère avait été remplacé à l'arrivée des Romains en Afrique du Nord, lui substituant le calendrier julien (institué par l'empereur Jules César en 45 avant J.-C.). Mais le calendrier berbère remonte probablement plus loin que l'ère Shashneq. En tout cas, cela fait au moins près de 3000 ans que les Algériens célèbrent Yennayer. Dans certaines régions du pays, comme Tlemcen, des carnavals sont organisés pour marquer l'événement.