L'entrée en vigueur de la suppression des quotas d'importations des produits textiles dans le cadre de l'accord multifibre de l'Organisation mondiale du commerce a sonné le glas de l'industrie textile algérienne, a affirmé lundi Réda Hamiani, président du groupe qui porte le même nom. « Il y avait 100 000 opérateurs qui intervenaient dans le secteur. Nous ne sommes plus que 1000. Nous étions une entreprise familiale florissante, nous sommes actuellement à la veille d'une cessation d'activité », a déclaré sur un ton plein d'amertume M. Hamiani en marge d'une conférence-débat sur la contrefaçon et ses méfaits, organisée par le magazine économique Algérie-entreprise. D'après lui, il n'y a aucune mesure incitative pour opter pour un processus industriel. Pour lui, tout est fait pour encourager l'achat et la vente en l'état. « Tous les articles que vous voyez dans les boutiques sont importés et il n'y a aucun dispositif pour enrayer les faux Cardin, Dior, etc. », soulignera-t-il. Les industries du textile ne feront pas le poids, selon lui, devant la production chinoise dont la couverture des besoins du marché en matière de vêtements va passer de 29 à 50% rien qu'aux Etats-Unis. Cet entrepreneur a ainsi donné un exemple concret des conséquences de la contrefaçon qui a pris des proportions alarmantes en Algérie touchant divers secteurs. Il en est ainsi du secteur du tabac, plus précisément la Société nationale de tabac et allumettes (SNTA) dont le chiffre d'affaires a enregistré une baisse de 8% depuis 2003 en raison de la concurrence déloyale du secteur informel, de la contrebande et de la contrefaçon, selon son PDG M. Madjour. des milliards de pertes Les produits de la SNTA seraient fabriqués d'une manière clandestine dans des usines situées en Macédoine et commercialisés dans le marché algérien avec le label de cette entreprise nationale. Cette pratique frauduleuse engendre à cette entité économique publique, dont le chiffre d'affaires est de 60 milliards de dinars, un manque à gagner de 30 milliards de dinars. Les représentants de l'entreprise allemande Oxam, spécialisée dans la production d'ampoules, ont eux aussi raconté durant cette rencontre leur malheureuse expérience en Algérie. Le directeur de la zone Afrique a révélé qu'au moment où Oxam prospectait le marché algérien pour s'y introduire, il était étonné de constater que cette entreprise couvrait déjà 80% du marché algérien qui était approvisionné avec des ampoules Oxam, fausses évidemment, fabriquées en Chine. Il a plaidé en faveur d'un système de sanctions plus sévères et plus fermes en direction des contrefacteurs pour les dissuader de continuer à défier la loi. M. Ali Haroun a abondé dans le même sens en affirmant que les procédures de justice qui traitent de ce genre d'affaires sont trop longues. La contrefaçon a occasionné, en outre, des pertes de l'ordre de 400 millions de dinars en 2001 à l'entreprise BCR (Boulonnerie, coutellerie et robinetterie), ce qui représente entre 20 à 30 % de son chiffre d'affaires. Le représentant d'euro-développement PME, Yacine Ould Moussa a, quant à lui, insisté sur la nécessité de mettre fin à ce fléau qui gangrène l'économie nationale qui se trouve à la croisée des chemins. « Il faut faire le choix entre un “marché-poubelle et une économie organisée », a-t-il dit en guise de conclusion.