Le coup d´envoi de la 33e édition de la Mostra a été donné vendredi soir au Palais de la musique par le maire de Valencia, Joan Ribó i Canut. La Mostra renouvelée de Valence du cinéma méditerranéen a présenté, lors de l'inauguration, la liste des films qui participent à sa 33e édition, célébrée du 18 au 26 octobre au cinéma Babel et à la filmoteca-IVC. La conseillère pour la culture de la municipalité de Valencia, Gloria Tello, ainsi que la directrice du festival, Rosa Roig, et le directeur de la programmation, Eduardo Guillot, ont annoncé les films qui seront projetés dans la section officielle et informative, ainsi que les membres qui composent le jury de la 33e édition. La diversité des regards et la pluralité culturelle caractérisent la Section officielle de la Mostra de Valencia, composée de 11 films, qui seront projetés pour la première fois en Espagne, avec plus de 12 pays de l'arc méditerranéen (Espagne, France, Italie, Maroc, Tunisie, Grèce, Liban, Egypte, Turquie, Kosovo, Albanie et Algérie) et 40% de femmes dans les sections officielle et informative. La Section officielle a débuté avec la projection de Sheikh Jackson d'Amr Salama, candidat égyptien aux Oscars cette année, qui raconte l'histoire d'un religieux musulman qui commence à remettre en question sa foi lorsqu'il découvre la mort de Michaël Jackson, la grande idole de son enfance. Deux films tunisiens sont en compétition dans la section officielle, dont El Jaïda, réalisé par Selma Baccar. Un portrait puissant de la vie de quatre femmes emprisonnées. C'est donc après une absence de 6 ans (deux derniers courts métrages en 2011) que Selma Baccar, réalisatrice, première productrice en Tunisie et membre de l'Assemblée constituante, revient avec un long métrage qui fait une immersion dans Dar Jwed, cette maison de correction dans laquelle les femmes tunisiennes insoumises séjournaient. L'histoire se passe à l'aube de l'indépendance de la Tunisie. La caméra suit le quotidien des femmes, venues de milieux différents, avant qu'elles ne soient répudiées par leurs maris. Cette décision inique était prise à tort et à travers en se fondant sur les textes coraniques et la charia. Les hommes en abusaient pour se débarrasser de leurs épouses, avoir un peu de liberté et imposer leur pouvoir en tant qu'hommes. Après leurs époux, le bourreau de ces femmes répudiées était donc El Jaïda, la responsable de Dar Jwed, interprétée par Fatma Ben Saïdane. Coriace et sans pitié, le personnage évolue dans le film et dévoile petit à petit son côté humain. Le film est un va-et-vient entre le huis clos de Dar Jwed, ce petit espace partagé par neuf femmes, très différentes mais réunies par la répudiation, et le monde extérieur animé par le combat de l'indépendance. Le réalisateur tunisien, Nacer Khemir, qui a remporté la Palme d'or et le Premier prix de la critique de la Mostra 1984, avec son film Les baliseurs du désert, participe cette année avec Whispering Sands. La jeune Daya mène une existence difficile dans son petit village d'Indonésie, abandonnée par son père et étouffée par sa mère ultra-protectrice. Laissées à elles-mêmes, les deux femmes s'affrontent et s'admirent à la fois. Mais un jour, un vagabond aux traits familiers va faire basculer leur vie. Le film marocain Apatride, une coproduction avec le Qatar et la France, réalisé par Narjiss Nejjar, raconte l'histoire dramatique de Hénia, qui donnerait n'importe quoi pour retrouver le passé et sa mère dont elle a été séparée à cause du conflit entre le Maroc et l'Algérie pendant la marche noire. Le pigeon, du réalisateur Banu Sivaci, représente la Turquie. Sur un toit, dans la ville turque d'Adana, Yusuf passe son temps dans le pigeonnier que son défunt père a installé. C'est ainsi qu'il se voit dans la société : en dehors de la violence et de l'ignorance qui l'entourent. Le réalisateur libanais, Lucien Bourjeily, est venu avec son film Heaven Without People, qui a décroché le Prix spécial du jury au Festival de Dubaï. La comédie Secret Ingrédient, de Gjorce Stavreski, est une coproduction gréco-macédonienne, récemment choisie pour représenter la Macédoine aux Oscars. Nome di Donna, de Marco Tullio Giordana, prestigieux réalisateur italien, auteur du célèbre Best Youth, parle du harcèlement des femmes sur le lieu de travail. Adán Aliaga, originaire d'Alicante, reconnu dans de nombreux festivals internationaux, présente la production filmée à Tabarca, Fishbone. Le film raconte l'histoire d'une chef espagnole qui vit à New York et que la mort de son père oblige à retourner sur l'île d'Alicante. Deux productions viennent de France : Paper Flags, réalisée par Nathan Ambrosioni, âgé de 18 ans seulement, un portrait très frais des relations familiales, et L'Enkas, de la réalisatrice Sarah Marx. Un film qui arrive de la Mostra de Venise. A peine sorti de prison, Ulysée a besoin d'argent. Face à sa mère déprimée, il décide de passer d'une rive à l'autre dans un camion de nourriture vendant de l'eau. L'Algérie est représentée en section informative par Yasmine Chouikh avec son film Jusqu'à la fin des temps. Ali est fossoyeur et gardien du cimetière de Sidi Boulekbour. A l'occasion d'un pèlerinage, il rencontre Joher, une sexagénaire venue se recueillir pour la première fois sur la tombe de sa sœur. Malgré la grande réserve de cette femme, une complicité semble naître entre les deux personnages. Le jury de la section officielle de la 33e édition est présidé par la productrice, réalisatrice et actrice libanaise, Rana Salem, l'actrice française Sabrina Seyvecou, le journaliste italien et critique de cinéma, Marco Lombardi, la réalisatrice et productrice tunisienne, Khedija Lemkecher, et l'ingénieur du son espagnol, Amanda Villavieja.