Deux cents grammes d'explosif ont été découverts mardi après-midi dans une cour de promenade du quartier d'isolement de la prison de la Santé à Paris. Les enquêteurs sont partagés entre deux hypothèses : islamisme et grand banditisme. Les forces de sécurité, en attente des conclusions de l'enquête, ont pris toutes leurs précautions. Quatre détenus, placés dans un quartier de haut isolement, ont été transférés. L'un d'eux n'est autre que Kamel Daoudi, membre présumé d'un groupe islamiste, qui aurait projeté de faire sauter l'ambassade des Etats-Unis à Paris, dont le procès se déroule actuellement à la 10e chambre correctionnelle à Paris. Informaticien, il est soupçonné d'être le chef de la logistique du groupe de Djamel Beghal. Boualem Bensaïd, responsable des attentats du GIA commis en France en 1995, a également été déplacé. Si la nouvelle destination de Kamel Daoudi a été rendue publique, Nanterre, celle du second demeure secrète. Comme les enquêteurs sont partagés entre deux hypothèses : tentative d'évasion d'islamistes et grand banditisme, l'administration pénitentiaire a aussi transféré des détenus de droit commun, comme Dominique Battini, considéré comme l'artificier de l'évasion du braqueur Antonio Ferrara en mars 2003. Les explosifs ont été découverts lors de travaux de nettoyage de la cour de promenade du quartier d'isolement en vue d'une réfection, révèle le quotidien Le Parisien. L'explosif, de la pentrite, selon une source policière, n'était pas amorcé et était emballé dans du papier. Le paquet a été découvert par un personnel technique de l'administration pénitentiaire (AP) parmi des immondices sur le sol de la cour, selon la source syndicale. Tout le quartier d'isolement a été vidé et fouillé de fond en comble. Les enquêteurs n'excluent aucune piste pour l'instant. La prison de la Santé, la plus renommée en France, est en grand émoi. Par ailleurs, trois étrangers en situation irrégulière, placés au centre de rétention administrative du palais de justice de Paris, se sont enfuis dans la nuit de lundi à mardi en passant sous le nez de gendarmes qui gardent l'une des sorties du tribunal. L'affaire suscite d'autant plus d'embarras que l'un des fuyards, note Le Parisien, Messaoud Ghebrit, 34 ans, Algérien, venait de purger une peine de sept ans d'emprisonnement pour sa participation à un trafic d'armes au profit des maquis du GIA (Groupe islamique armé). Condamné à une interdiction définitive du territoire français, il était en attente de son expulsion vers son pays d'origine. Messaoud Ghebrit avait été condamné une première fois en Espagne après avoir été trouvé en possession d'armes avant d'être extradé et condamné en France en 1999. Libéré le 3 janvier de la maison d'arrêt de Fresnes, il était en attente de son expulsion. Le préfet de police, Pierre Mutz, qui s'est rendu sur les lieux, a jugé cette évasion « inadmissible » et a saisi l'inspection générale des services (IGS, la police des polices). Les autorités se sont, pour l'instant, refusées à tout commentaire.