La wilaya compte encore 6046 chalets. Contrairement aux promesses des autorités, l'éradication définitive de ces habitations ne semble pas pour bientôt. Les habitants des chalets de la wilaya de Boumerdès n'en finissent pas d'interpeller les autorités quant à la détérioration de leurs conditions de vie. Avant-hier, plusieurs dizaines de chefs de famille se sont rassemblés devant le siège de la wilaya pour réclamer leur relogement. Les protestataires habitent au site des chalets Ghedouari (Cassio) de Corso depuis 15 ans. «On en a marre. Quinze ans, barakat ! Nous sommes devenus des éternels sinistrés. Les autorités nous ont oubliés. Samedi dernier, nos chalets ont été inondés par les eaux. Cela risque de se reproduire à la moindre averse. On nous a promis de nous octroyer des appartements en dur avant 2018, mais ce n'est qu'un leurre», s'écrient des manifestants à bout de nerfs. Outre les maladies respiratoires ayant affecté des dizaines d'enfants, les plaignants parlent de la prolifération de rats et l'état de dégradation avancé des chalets, dont la plupart présentent des infiltrations d'eau depuis déjà plusieurs années. «Notre site est le plus grand de toute la wilaya. Il compte 777 chalets. Il se clochardise de jour en jour. En hiver, vous ne pouvez même pas y accéder. Le risque de maladies à transmission hydrique est omniprésent. Samedi dernier, les eaux usées se sont mélangées à l'eau du robinet. Nos enfants sont scolarisés dans une école de 4 classes qui manque de tout. L'établissement n'est même pas doté de toilettes», déplore Bensaid Madjid, père de cinq enfants. «Un de mes fils souffre d'une bronchite chronique. Il a contracté cette maladie à cause de la malvie et l'humidité des chalets. Il a passé plus de 4 mois à l'hôpital de Rouiba», dit-il. Plus de 6000 chalets non éradiqués Sekili Kamel (49 ans), lui, relève les dangers qui guettent les habitants du site en raison de sa proximité de la voie ferrée. «Le train a déjà percuté trois enfants ces dernières années, dont une fillette qui a rendu l'âme sur le coup. Outre les inondations, nos chalets sont exposés aussi aux risques d'incendie. Au moins une dizaine a pris feu. Leurs occupants n'ont pas été relogés à ce jour. Ce sont les voisins qui les ont aidés à ériger des baraques», relate-t-il. Il faut dire que ce genre de plaintes sont exprimées par des milliers d'autres habitants de chalets de la wilaya. Contrairement aux promesses des autorités, l'éradication définitive de ces habitations provisoires qui rappellent les tristes souvenirs du séisme de 2003 ne semble pas pour bientôt. La wilaya compte encore 6046 chalets répartis à travers 12 communes, dont 1123 à Zemmouri, 1032 à Boudouaou, 707 à Boumerdès, 443 à Sidi Daoud, etc. La localité de Corso, elle, abrite 1079 habitations du même type. Le président de l'APC parle d'un programme de 400 logements uniquement qui est en cours de réalisation dans la commune. Plus de 600 familles vont donc devoir patienter encore, en attendant une vie meilleure. Ailleurs, dans d'autres communes, de nombreux projets de logement avancent très lentement à cause du manque de crédit de paiement. A Bordj Menaïel, Issers et récemment Thénia, de nouvelles cités ont été livrées sans aucun équipement public et avant la réalisation des VRD et les conduites de gaz. Les anciens habitants des chalets, assimilés par beaucoup à des bidonvilles, entament une autre vie, plus dure aussi, dans des béton-villes.