Une vive polémique sur fond de désaccord a éclaté depuis trois jours entre le wali de Boumerdès, Mohamed Salamani, et le P/APC de Tidjellabine, Belkacem Guessoum. Ce dernier, élu sur une liste du MPA, a refusé lundi dernier d'exécuter une instruction du wali portant sur la démolition d'une cité de 160 habitations précaires datant de plusieurs années. Une décision qui a suscité la colère du wali qui aurait «usé de termes inappropriés à l'égard de l'édile local» pour le sommer de s'exécuter. Le lendemain (mardi), des centaines de citoyens de Tidjellabine ont pris d'assaut le siège de l'APC de Tidjellabine pour s'enquérir des suites réservées à leur sort, mais aussi pour soutenir le P/APC. Certains, chauffés à blanc, ont failli descendre dans la rue et fermer l'autoroute en signe de protestation contre la décision du wali. «S'ils veulent s'attaquer aux constructions illicites, ils n'ont qu'à commencer par celles qui sont en train d'être érigées non loin du siège de la wilaya. Si nous avions des toits décents, nous ne serions pas venus vivre ici dans des baraques de fortune», assènent des occupants desdites constructions. La décision du P/APC a été saluée par de nombreux élus, eux qui sont devenus de simples exécutants en raison de la limitation de leurs prérogatives au détriment de celles dont jouissent les walis et les chefs de daïra. Paradoxalement, le P/APW, issu lui aussi du MPA, s'est rangé du côté du plus fort (le wali) au lieu de soutenir son camarade de parti. Rencontré hier, le P/APC de Tidjellabine ne semblait pas près de faire marche arrière. 40 projets relancés Il dénonce «le mépris affiché à mon égard par le wali. Il ne m'a pas donné la chance de lui expliquer la genèse du problème en vue de le solutionner». «Lundi dernier, après une visite de la cité en question avec une employée du cabinet, cette dernière m'a invité à venir voir le wali qui, me semble-t-il, a été chargé à l'avance pour me dénigrer. Une fois dans son bureau, il m'a dit : ‘‘Soit tu détruis, sinon je te détruis''. Je lui ai demandé gentiment à trois reprises de m'accorder deux minutes de son temps pour lui expliquer, en vain. Je lui ai rétorqué que je n'allais guère appliquer ses instructions. J'ai été élu par le peuple et c'est à ce dernier que je dois rendre des comptes», précise M. Guessoum. A Tidjellabine, d'aucuns se demandent pourquoi le wali tente d'envoyer le P/APC au charbon alors que l'article 101 du code communal stipule que «lorsque le président de l'Assemblée populaire communale s'abstient d'accomplir un des actes qui lui sont prescrits par les lois et règlements, le wali peut, après l'en avoir requis, y procéder d'office à l'issue des délais fixés par la mise en demeure». Très apprécié par ses administrés, Belkacem Guessoum fait état de plus de 1300 habitations précaires à travers sa commune. Depuis son élection, il a déjà démoli plus de 40 baraques illicites qui faisaient office de kiosques. «Si je les ai éradiquées, c'est parce qu'elles ont été érigées sur la voie publique et gênent énormément la circulation. Quant aux familles occupant les bidonvilles, on doit d'abord traiter leurs dossiers au cas par cas. On ne peut pas démolir leurs lieux d'habitation et les jeter à la rue. Où était l'Etat quand elles se sont installées là-bas ?» demande-t-il. Depuis son élection, le P/APC et son équipe ont relancé plus de 40 projets, dont certains étaient bloqués depuis 2013. «On a trouvé plus de 75 projets dans les tiroirs pour un coût d'un milliards de dinars. On a fait de notre mieux pour répondre aux préoccupations de nos concitoyens et il nous reste encore un énorme travail à faire dans tous les domaines», conclut-il.