Dans la wilaya de Boumerdès, les lois de la République sont violées parfois par ceux-là mêmes qui sont censés les faire appliquer. Bien que le délai soit déjà dépassé de 12 jours, aucune APC de la région n'a approuvé, ni élaboré la première mouture du budget primitif (BP) de l'année prochaine. Outre les surcoûts, cette situation induit des retards considérables dans le lancement des projets. Pourtant l'article 181 du Code communal est très clair à ce sujet. Selon ce code, «le budget primitif est voté avant le 31 octobre de l'exercice précédant celui auquel il s'applique… tandis que le budget supplémentaire doit être voté avant le 15 juin de l'exercice auquel il s'applique». Néanmoins, cet article n'est jamais respecté dans les faits. De l'avis d'un ancien P/APC, cela est dû en partie à la politique de centralisation, mais aussi à la défaillance de l'administration et à l'inertie des élus. «L'élaboration du BP passe par l'établissement d'une fiche de calcul des recettes de chaque commune par les services des impôts. Ce document est transféré à la direction de l'administration locale qui, à son tour, l'envoie aux communes. Malheureusement, ceci n'a jamais été fait dans les délais», explique-t-il. Le P/APC de Chabet El Ameur, M. Mzala, affirme «ne pas avoir encore reçu la fiche de calcul». Son collègue d'Afir, M. Oumlal, lui, est connu pour être très dynamique. Mais les lourdeurs bureaucratiques risquent de freiner son Assemblée. «On avait presque tout fait. La fiche de calcul nous est parvenue le 25 octobre. Dix jours après, le ministère de l'Intérieur nous adresse une instruction fixant les modalités d'élaboration et de financement du budget . Nous sommes obligés de tout refaire à zéro», regrette-t-il. Selon lui, ce genre d'anomalies ne date pas d'aujourd'hui. «Cela fait 20 jours qu'on a approuvé le budget supplémentaire. L'Assemblée l'avait adopté le 7 juillet dernier, mais il est resté 15 jours à la daïra et plus d'un mois chez le contrôleur financier. Le drame est que personne n'incrimine ces administrations qui retardent énormément l'avancement des projets. On n'accable que les élus», regrette-t-il. Un avis partagé par le P/APC de Naciria, M. Benameur, qui se plaint au passage de la chute drastique des recettes de la commune. «Cela fait vingt jours qu'on nous a envoyé la fiche de calcul. L'année passée nos recettes étaient de l'ordre de 90 millions de dinars. Cette année elles ont baissé presque de moitié. Le montant du BP est estimé à 150 millions de dinars environ, dont plus de 80% seront réservés au chapitre fonctionnement», a-t-il indiqué. D'autres communes sont bien loties en termes de ressources, mais elles manquent d'encadrement. Un problème de taille qui plombe la machine du développement. C'est le cas à Boumerdès, où on tarde à élaborer le BP de 2019. L'APC dort sur plus de 3 milliards de dinars, au moment où plusieurs cités de la ville, telles que 11 Décembre et Foes, manquent d'aménagement et d'éclairage public. Le bureau des marchés et le service technique fonctionnent avec des employés recrutés dans le cadre du DIAP. Idem à Khemis El Khechna, une commune déstructurée et dépourvue d'un comptable, où l'on fait état de plus de 82 projets qui ont connu des retards dans la réalisation.