Officiellement démissionnaire et officieusement débarqué, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, a fini par jeter l'éponge hier. On le disait partant depuis longtemps en raison de la contestation interne qu'il suscite, mais à chaque fois, il revient pour prouver le contraire. Cependant, les événements de ces derniers jours semblent avoir accéléré son débarquement, dont il a eu vent il y a deux jours, lorsque la «Présidence lui a demandé de démissionner», nous a-t-on affirmé de sources bien informées. Des consignes ont même été données pour que ses activités ne soient plus médiatisées. «Ould Abbès n'a pas donné de réponse, mais le malaise cardiaque dont il a fait l'objet hier matin l'a mis hors service et donné un argument valable pour justifier son débarquement du FLN», précisent nos interlocuteurs. Pour ces derniers, son remplacement par Mouad Bouchareb est révélateur. «Le fait que le choix ait été porté sur le président de l'Assemblée, Mouad Bouchareb, qui ne fait partie ni du bureau politique ni du comité central, prouve que ces deux instances sont tombées en désuétude, parce qu'elles ne fonctionnent plus depuis plus de deux ans», expliquent nos sources. Mais pourquoi se «débarrasse-t-on» d'un défenseur acharné du 5e mandat en ce moment précis ? La réponse est difficile à obtenir, mais les derniers événements nous laissent penser qu'en haut lieu, la question de 2019 n'est toujours pas tranchée. En effet, depuis la conférence de presse d'Ahmed Ouyahia en tant que secrétaire général du RND, où il apparaissait comme présidentiable, jusqu'à il y a quelques jours, où un ancien président de l'Assemblée nationale, Abdelaziz Ziari, le présentait comme «l'homme idoine» pour succéder à Bouteflika, la guerre des tranchées autour de 2019 fait rage. D'abord, les violentes attaques de Tayeb Louh, ministre de la Justice, contre le Premier ministre, à Oran, l'accusant, sans directement le citer, d'avoir été à l'origine de l'emprisonnement des cadres durant les années 1990. Tayeb Louh a mal pris le boycott des élus du RND dans la salle où il devait animer un meeting. Une réaction à laquelle Ahmed Ouyahia répond par la voix de son porte-parole. Mais Tayeb Louh, plus proche de la Présidence que du FLN, persiste et signe. Il dément les informations fuitées par certains journaux, sur des excuses qu'il aurait présentées à Ahmed Ouyahia. Djamel Ould Abbès met les pieds dans le plat, en se démarquant du ministre de la Justice, un cadre de son parti, en disant que ses attaques n'engagent en rien le FLN. Mieux encore, Ould Abbès a précisé que Tayeb Louh a «agi en tant que ministre et non comme militant du FLN (…), il n'est pas habilité à évaluer un gouvernement en dehors du président de la République». Il a conclu en apportant le soutien de son parti au Premier ministre et exprimé «une confiance totale en Ahmed Ouyahia». Au moment où Ould Abbès faisait ces déclarations, un journal appartenant au ministre chargé des relations avec le Parlement, Mahdjoub Beda, élément-clé dans le putsch contre l'ex-président de l'Assemblée nationale, Saïd Bouhadja, annonce un changement imminent à la tête du FLN et évoque même la possibilité d'un directoire à la tête du parti. Soixante-douze heures avant l'annonce de la démission, le même journal évoque le départ du secrétaire général. L'enjeu de la prochaine présidentielle semble ainsi au cœur des luttes souterraines et des changements qu'elles impliquent.