Le nouveau président de l'Assemblée populaire nationale (APN), est d'ores et déjà connu. Il est annoncé, hier, officiellement par le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, qui a réuni, au siège de la formation à Alger, les membres du BP et les députés du parti. Il s'agit du député de Sétif, Mouad Bouchareb, un des meneurs de la fronde contre Said Bouhadja. Tous les groupes parlementaires des quatre partis de la majorité présidentielle, en l'occurrence, le FLN, le RND, le TAJ et le MPA, ont apporté leur soutien au candidat du parti majoritaire, Mouad Bouchareb. Dans sa courte intervention devant l'assistance, Djamel Ould Abbès a qualifié les trois semaines de crise vécue par l'APN «d'incident de parcours». «On est fier de votre position. Le Président aussi est fier de vous», a-t-il lancé, à l'adresse des députés qui ont mené la fronde contre Saïd Bouhadja. «C'est une position audacieuse et patriotique. Vous avez sauvé l'institution», a-t-il poursuivi, en saluant la «vigilance des députés», qui a permis au FLN de sortir victorieux de cette crise. Le patron du FLN a expliqué que le choix porté sur Mouad Bouchareb répond à «1 000 % à ce que le Président Bouteflika avait dit à Sétif». «C'est d'ailleurs un jeune de Sétif», a-t-il précisé, ajoutant que cela s'inscrit dans le cadre de la succession des générations. Selon Ould Abbès, le chef de l'Etat a construit, depuis 1999, «un Etat des institutions». L'orateur n'a pas manqué de saluer ses alliés au RND, TAJ, MPA et les indépendants, ainsi que des députés islamistes qui ont soutenu les parlementaires du FLN. «Ce que vous avez fait est une leçon de patriotisme à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Votre vote de demain (aujourd'hui, NDLR) comme un seul homme, nous permettra d'aller à l'aide vers 2019. Nous continueront avec Bouteflika le parcours entamé en 1999», a-t-il souligné, appelant à se mobiliser en vue de cette échéance. Le député de Sétif, qui est intervenu devant ses collègues, a remercié les dirigeants du FLN pour la confiance placée en lui, espérant qu'il sera à la hauteur de la mission. Présenté par le parti majoritaire, le député de Sétif et actuel chef du groupe parlementaire du parti, est donc bien parti pour succéder, aujourd'hui, à Saïd Bouhadja, président déchu. Sauf que la séance plénière d'aujourd'hui, consacrée à la validation du rapport de la commission des affaires juridiques de l'APN et l'élection d'un nouveau président, a toutes les chances d'être houleuses. D'abord, il y a l'affirmation de Bouhadja, qu'il demeure le président légitime de l'Assemblée, avec toutes ses affirmations quant à l'illégalité de sa destitution. «Je ne voulais pas m'éterniser au poste de président de l'APN. J'étais prêt à démissionner, mais après mon humiliation devant l'opinion publique nationale et internationale, la démission est devenue impossible. (…) J'ai pris part, avec d'autres Moudjahidines, à la guerre de libération nationale, pour construire un Etat de droit, et non pas un état des faits accomplis, que certains essayent de concrétiser pour des objectifs inavoués», a-t-il accusé, dans un entretien accordé à un journal électronique, soupçonnant des parties étrangères d'être derrière sa destitution, pour des raisons inconnues. Ensuite, il y a les partis de l'opposition, qui ont dénoncé un coup de force contre le président, et qui pourraient manifester leur rejet de ce coup de force au sein de l'hémicycle. Et enfin, il y a l'éventualité de voir les partisans de Saïd Bouhadja contester la décision de la destitution. Hier, le RND du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a exprimé son soutien au candidat du FLN. Il sera suivi par le TAJ et le MPA, qui ont, eux aussi, annoncé leur soutien à Bouchareb. Ce qui laisse supposer que les chefs de ces quatre partis, réunis avant-hier au Palais du gouvernement, ont tranché la question du successeur de Bouhadja lors de la réunion. L'élection d'un député du FLN à la tête de la chambre basse du Parlement met fin aux spéculations et affirmations, selon lesquelles le FLN et le RND avaient passé un pacte, consistant à s'échanger les présidences de l'APN et du Conseil de la nation. Le plan annoncé par certains, consiste à mettre Djamel Ould Abbès à la tête du Sénat, et Seddik Chihab, porte-parole du RND, à la tête de l'APN. Or, la candidature de Mouad Bouchareb et son soutien par le RND, mettent un terme à cette rumeur.