Nullement affecté par le poids de l'âge (pas loin des 80 ans et toujours fumeur), le poète populaire égyptien, Ahmed Fouad Najm, est resté celui que le public oranais connaît depuis les années quatre-vingts quand il se produisait sur la scène du Théâtre régional Abdelkader Alloula, où il a gratifié, jeudi dernier, un grand nombre de fans de bonnes paroles par ses célèbres poèmes dont une bonne partie a été composée dans les prisons de son pays pour avoir composé des proses ne correspondant pas à la ligne politique du gouvernement d'antan. Najm (star en anglais), qui a su, durant cette soirée poétique de bonne facture, faire correspondre son nom avec ce qualificatif, a lui-même été sidéré par le nombre et la qualité de ce public, dont une grande partie récitait en même temps que lui les vers mielleux qui coulaient de sa fine bouche. Ce poète, populaire par excellence, a aussi démontré dans cette même soirée qu'il avait le talent des grands raconteurs d'histoires drôles. Les siennes étaient vraies et ses personnages n'étaient autres que les responsables de la sécurité de son pays. « Quand j'ai su un jour que je faisais l'objet d'un mandat d'arrêt, je me suis réfugié dans un appartement dans un quartier du Caire. Quelques mois plus tard et après avoir bénéficié d'une main levée, j'ai su que mon voisin était un… grand gradé de la police, et que c'était lui qui me protégeait », raconta-t-il avant de clore sa soirée par ses deux célèbres poèmes : El Bitaâ et Nah Enouah. Auparavant et à sa demande, une brochette de jeunes poètes d'Oran, tels le comédien Blaha, l'écrivaine Oum Syham, Toumouh Abdallah, l'auteur de plusieurs chansons de Blaoui El Houari et le regretté Ahmed Wahbi, se sont succédé sur la scène pour… donner le temps de souffler et de griller une clope au grand Najm de la soirée.