L'annonce de la candidature de Bouteflika se précise de jour en jour. Un fax émanant du Comité de préparation de l'annonce de candidature de Monsieur Abdelaziz Bouteflika signé du « directeur de la communication », Abdeslam Boucouarab, ancien ministre, cadre du Rassemblement national démocratique (RND), est parvenu hier à la rédaction, invitant les médias à une conférence de presse pour aujourd'hui. La convocation, hier, par le président de la République, de la Commission politique chargée de la supervision de l'élection présidentielle, devrait enclencher le compte à rebours pour l'opération de dépôt des candidatures. La candidature de Bouteflika n'est plus, à présent, qu'une question de jours. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, la seule candidate de poids sur laquelle compte le pouvoir pour « crédibiliser » ce scrutin, fait durer le suspense, comme le président Bouteflika, mais pour d'autres raisons, en posant de nouvelles conditions à sa participation à l'élection présidentielle. Non à la présence de superviseurs étrangers pour préserver la souveraineté nationale, plaide Mme Hanoune dans une lettre adressée au président Bouteflika. La première responsable du PT cherche-t-elle un prétexte pour se ménager une porte de sortie de la course à l'élection présidentielle ? Le boycott quasi général de ce scrutin des candidatures potentielles issues soit des partis influents ou des personnalités nationales qui ont des projets et des ambitions présidentielles place le PT dans une position inconfortable. Renoncer à participer pour des raisons de dévoiement du processus électoral, qui a commencé avec la révision de la Constitution, comme accusent les partisans du boycott, c'est se situer dans une posture politique de rupture et de défiance avec le système, du moins par rapport à cet événement. Un pas que Mme Hanoune ne voudrait pas et ne pourrait pas franchir, compte tenu des positions du parti par rapport au programme du président de la République, qu'elle n'a pas combattu sur le terrain comme devrait le faire un parti de l'opposition. Tout en gardant son sens critique, le PT a joué durant ces deux mandats de Bouteflika sur les deux tableaux. Soutien ferme et parfois soutien critique d'un côté, dénonciation, par ailleurs, de certaines décisions et orientations du pouvoir, telle la loi sur les hydrocarbures. Le PT avait pesé de tout son poids en vue de l'amendement de la loi en question. On voit mal Bouteflika accéder à la demande de Mme Hanoune, alors que l'invitation officielle est déjà lancée aux observateurs étrangers. Après le refus, il y a à peine quelques jours, de Djaballah du mouvement En Nahda de s'impliquer dans cette élection, une défection qui avait sans doute faussé tous les calculs du pouvoir qui avait beaucoup misé sur cette candidature islamiste pour donner des gages que le scrutin est libre et ouvert, la résistance que fait Mme Hanoune à ce stade du processus électoral risque d'achever les dernières espérances du système dans sa quête éperdue de crédibilisation de cette élection. On saura dans les tout prochains jours si le PT fait de la résistance active ou passive. En tout état de cause, avec ou sans Louisa Hanoune, avec toute son aura et son parcours militant respectable, ce scrutin a déjà un avant-goût amer. A l'image de l'élection présidentielle de 1999 qui avait vu six candidats de poids se retirer de la course à la présidentielle face à la candidature de Bouteflika pour protester contre « la fraude annoncée ». Bouteflika, qui avait fait peu cas de cette défection, ne semble pas se trouver cette fois-ci dans les mêmes dispositions aux plans politique et éthique. L'absence de concurrents d'envergure à cette élection, investie par des candidatures globalement sans relief, autant qu'elle concourt à discréditer ce scrutin, confère à la candidature de Bouteflika l'aspect d'une candidature unique dans un scrutin en apparence pluriel.