Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural s'est attelé à verser les grosses sommes d'argent pour soutenir les agriculteurs, mais n'a malheureusement pas pensé à vérifier et à contrôler si les normes de fabrication des serres sont respectées. Certains opérateurs ont saisi cette opportunité pour créer des unités de fabrication des matériaux pour les serres et ont réalisé des profits énormes grâce à cette anarchie. Les dégâts enregistrés à la suite des dernières intempéries ont permis à une équipe d'experts dépêchée par le département ministériel du Dr Barkat de déceler des anomalies et un manque de respect des normes de fabrication. La plasticulture, à travers le territoire national, s'étend sur 6000 ha. La répartition est établie ainsi : les wilayas du sud du pays 2600 ha, dont 2000 ha se trouvent dans la wilaya de Biskra, 1900 ha sont enregistrés au centre du pays dont 90 % de la plasticulture ont été relevés à Tipaza. Les wilayas de l'est et de l'ouest du pays abritent 1500 ha de plasticulture. Compte tenu des résultats enregistrés, les pouvoirs publics se sont lancés dans les opérations de sensibilisation pour développer la plasticulture. Aujourd'hui, à titre d'exemple, 50% de la production de la tomate en Algérie sont obtenus grâce à la plasticulture. Tipaza a été choisie par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural pour devenir la wilaya pilote pour la filière plasticole. C'est ce qui ressort de la journée d'étude sur «L'évolution de la filière plasticulture et les normes constructives des serres», organisée par le ministère de tutelle, mercredi dernier, à Tipaza. On évoque l'existence d'un projet espagnol au sujet de la serre chapelle. Les agriculteurs algériens utilisent aujourd'hui la serre tunnel. Une serre chapelle est l'équivalent de 5 serres tunnels. Le projet pilote pour la serre chapelle aura lieu dans l'enceinte de la Chambre d'agriculture de la wilaya de Tipaza. La serre chapelle, dit-on, est un investissement très lourd qui n'est pas à la portée des très nombreux fellahs algériens. Ces derniers ne seront pas capables de contribuer et de participer au montage financier à l'aide de leurs apports personnels. Le projet de la serre chapelle est destiné à cette petite catégorie des riches agriculteurs. Une serre multichapelle sur un hectare coûtera un peu plus de 1,5 milliard de centimes, selon un cadre du ministère. Un agriculteur venu d'Oran nous a exhibé une facture proforma pour l'importation d'Espagne d'une serre multichapelle gothique pour 1 ha qui coûte 320 000 euros, hors TVA et charges douanières. Un fellah de la wilaya de Tipaza reconnaît que cet investissement n'est pas à la portée de tout le monde et a remarqué que les pouvoirs publics se soucient d'importer la serre multichapelle, mais ne veulent pas s'engager sur la garantie des prix minimums de la vente de la culture, car les fellahs qui s'engagent dans cet investissement risquent la faillite dans le cas d'une surproduction. Le système de compensation doit être établi. Un fellah de Béjaïa estime que trop de tapage a été fait autour du soutien du Fnrda. Il se réfère à la déclaration de l'ancien ministre du Commerce, M. Temmar, qui avait déclaré que l'agriculture algérienne est l'une des moins protégées au monde. Le niveau de protection est de 0,9%, alors que l'OMC tolère un seuil de 10% (voir El Watan du 14 mai 2002). Selon le directeur général de l'ITCMI, il y a des critères à respecter avant d'investir dans la serre multichapelle. Cette plasticulture assure une production suffisante, et l'Etat est apte à mobiliser tous les moyens. L'Espagne veut exploiter ce marché potentiel et compte s'associer avec l'Algérie pour les exportations. Dans cet environnement, l'avenir des petits fellahs est incertain.