Bien avant le déclenchement de la guerre de libération nationale, à laquelle d'ailleurs a pris activement part toute la région d'El Milia, un mouvement de révolte avait été lancé dans cette même région contre l'occupant par les Ouled Aïdoun en 1871. Ouled Aïdoun fut l'une des principales tribus du nord constantinois, tirant ses origines des Bani Hilel, qui se sont établis dans le Maghreb arabe au XIe siècle. Les Ouled Aïdoun, qui ont élu domicile sur la rive droite de l'Oued El Kébir, se divisent en deux grandes communautés : les Ouled Kassem et les Ouled Debbeb. C'est entre les deux que l'occupant français établit la tour d'El Milia entre 1858 et 1861, avant que celle-ci ne devînt le siège d'une commune mixte en 1880, dont les frontières s'étendaient de Grarem à la côte de Oued Z'hor. Durant cette période, l'occupant français avait fait subir à la région plusieurs assauts militaires dans le but évident d'exploiter ses richesses et de la soumettre. Quatre assauts furent menés par les généraux français sur cette région en 1850, 1851, 1852 et 1858. Pour faire face à cette politique de la terre brûlée et aux massacres collectifs, les Ouled Aïdoun n'ont pas hésité à se soulever un certain mardi 14 février 1871. La première phase de cette insurrection avait duré jusqu'au 6 mars 1871, et la deuxième du 14 mars au début de 1872. La dégradation des conditions de vie, la famine et la propagation des épidémies durant la période 1860-1870, ainsi que la soumission de la population aux impôts, l'exploitation de ses récoltes et du liège des forêts, en plus de la construction de la tour militaire au sein même des terres de la tribu, furent autant de facteurs ayant été à l'origine du soulèvement des Ouled Aïdoun. Selon des récits, la rébellion des S'baïhia à Souk Ahras, la défaite militaire de la France devant l'Allemagne en 1870, la capitulation de Bonaparte et l'activisme de la « Tarika Rahmania », laquelle avait appelé à la lutte contre le colonialisme, sont également des facteurs ayant contribué à la révolte. Les opérations avaient été menées, dans un premier temps, d'une manière collective avant qu'elles ne fussent confiées à un certain Mohamed Ben Fiala. L'occupant eut à subir des pertes considérables quand notamment le camp de ses soldats de réserve fut détruit, et la tour militaire assiégée durant plus d'une semaine. Les forces d'occupation mobilisèrent alors quelque 10 000 soldats pour tenter de mater ce soulèvement, lequel fut intégré à la révolte d'El Mokrani et à celle du cheikh El Haddad, et ce jusqu'à la fin de 1871. En représailles contre la population, l'occupant avait soumis celle-ci à des impôts supplémentaires, confisqué des terres et réprimé des personnes en les faisant arrêter et déporter.