Les trois salles de cinéma qui faisaient autrefois le bonheur de milliers de jeunes cinéphiles de Médéa, sont à l'abandon et squattées par des indus occupants qui attendent depuis des années leur relogement. Le 7e art a disparu complètement du paysage culturel de la ville pour ne pas dire de toute la wilaya de Médéa. Les anciennes générations se souviennent et racontent avec plaisir ces moments agréables à leurs enfants. A cette époque, ces salles de spectacles jouaient un grand rôle pour meubler le vide de toute une jeunesse par la projection de films et pas n'importe lesquels. Le choix était judicieux surtout les récits et les acteurs qui étaient d'une réputation mondiale. Aujourd'hui ces édifices, situés en plein centre-ville, sont délaissés et menacent de s'effondrer. Certes, les choses ont changé ainsi que les mentalités avec une jeunesse bien branchée grâce à la parabole et internet. Mais avec des poches vides, on ne peut prétendre aux activités récréatives ou culturelles sans verser dans l'affront ou la stupidité. Ce serait même une incongruité si on en parlait à certains jeunes. Le vide est éloquent ; il n'a pas besoin de tribuns. Les « Semaines culturelles » et les soirées musicales sont essentiellement concentrées au niveau de la maison de la culture de Médéa, mais pour la majorité des communes, il faudra repasser. Ces activités ne peuvent cependant pas masquer une situation où la culture demeure le parent pauvre dans l'ordre des préoccupations locales. Les loisirs sont le privilège d'une minorité, tandis que l'écrasante majorité de la jeunesse est forcée à l'oisiveté et à la monotonie en l'absence d'espaces de détente et d'activités ludiques. Pour échapper à l'étuve surpeuplée des cités-dortoirs, à l'exemple des 500 logements, un HLM du quartier Beziouche, dépourvu de toutes les commodités, les ados sont contraints à autre chose : arpenter les rues en traînant nonchalamment les semelles à la recherche d'un petit refuge, si ce n'est pas de jeux dangereux à grands risques et les exemples sont multiples. Après l'école, ne sachant comment meubler leur temps, ces adolescents, échappant à tout contrôle parental, s'agglutinent comme des papillons près des lampadaires et tard dans la nuit, veillent en jouant aux cartes ou aux dominos. D'autres, se sentant précocement matures, préféreront l'obscurité ; ils pourront ainsi rouler tranquillement un joint. Souvent, les parties de jeux de cette jeunesse, livrée à elle-même, dégénéreront en pleine nuit en bagarres ou en injures, au grand dam du voisinage ou des parents impuissants. Il y a de quoi être inquiet !