Dans un climat de confiance et de sérénité, les rapports s'échangeaient dans une atmosphère de franchise, de sincérité et de respect mutuel. Saïda, palais des cœurs simples et des âmes modestes, a cédé le pas à la médiocrité. La ville s'est ruralisée, voire «clochardisée». Anes, mulets, chiens errants et vaches déambulent dans les quartiers, offrant un aspect controversé d'une ville censée se moderniser. De nouvelles habitations transformées en étables ou écuries, le manque d'hygiène au niveau des quartiers, l'exode rural, la léthargie culturelle et l'abattage clandestin règnent en maître des lieux. A ce propos, un moudjahid âgé de 79 ans nous dira : « il est difficile de comprendre ce qui se passe dans ce bled où tout est permis, loin de toute impunité. Certaine personnes véreuses y trouvent leur compte.» Et d'ajouter : «les vieux réflexes persistent, encouragés par le laxisme, le laisser-aller des responsables dont les regards sont focalisés sur les affaires juteuses et les passe-droits accordés aux amis et aux parents.»