Ne disposant pas de réseau électrique, les habitants de Aïn Smaâ recourent à des branchements illicites, à leurs risques et périls. D'autres cités attendent encore l'alimentation en eau potable. Des centaines de familles, qui occupaient les zones montagneuses de la commune de Laghdir, avaient été contraintes d'abandonner leurs maisons et leurs terres durant la décennie noire, en quête de sécurité. Elles avaient fui un enfer, pour retrouver un autre, aujourd'hui, avec d'autres angoisses guettant leur quotidien. Selon certains pères de famille, beaucoup reste à faire. Ils diront à ce sujet : « Nous manquons de tout. Nous voulions, en quittant nos biens, construire un meilleur avenir pour nos enfants mais nos espoirs se sont évaporés. Aujourd'hui les écoliers et collégiens étudient dans des conditions très difficiles, surtout en cette période de l'année car la majorité des établissements scolaires ne disposent pas de chauffages ; pour les lycéens, obligés de se rendre chaque matin à Azzaba, c'est le transport scolaire qui fait défaut ». D'autres habitants vont encore plus loin en évoquant la détresse des résidants du quartier de Aïn Smaâ. Celui-ci ne dispose pas de réseau électrique. « Ils recourent à des installations illicites, mettant en danger permanant leurs enfants », ont-ils expliqué. Cette situation a d'ailleurs provoqué la mort par électrocution d'un enfant âgé d'un an. Frustrés ou en colère, les citoyens continuent d'évoquer leur quotidien comme pour se libérer d'un fardeau trop lourd à porter ; ils parlent de la dégradation du village suite à la propagation des bidonvilles, disant : « La moitié du village est constitué de favelas ; c'est d'ailleurs pour cette raison que nous n'avons pas pu bénéficier du gaz de ville. Nous continuons donc à transporter nos vieilles bouteilles de gaz butane sur des routes totalement dégradées ». En effet, une simple virée au centre-ville suffit pour constater qu'aucune route n'existe à Laghdir. « La commune n'a jamais bénéficié de travaux de réhabilitation ou d'aménagement urbain », dira un habitant. Les déboires de la commune ne s'arrêtent pas là ; certains quartiers situés sur les hauteurs du village, tels que la cité Aïn Kitaya, le cimetière des martyrs et Raâraâ ne disposent pas du réseau d'AEP. Seulement, à en croire la version donnée par l'APC, le secteur de l'hydraulique avait été pris en charge dans le cadre du programme de développement communale l'année écoulée. On parle alors de réalisation d'un nouveau réseau d'AEP au niveau des mechtas d'El Haoudh et de Raâraâ, qui « sera opérationnel dans six mois ». « Les habitants auront de l'eau H24, mais en attendant, l'APC continue de livrer l'eau à partir de citernes », a rassuré l'adjoint au maire. S'agissant du réseau électrique, le P/APC expliquera que « vu l'envergure du projet, un programme spécifique lui sera attribué, lequel sera pris en charge par la direction des mines ». Quant aux enfants, ils devront passer un autre hiver dans des classes toujours glaciales ; il ne faut pas se faire d'illusions, les travaux risquent d'être très longs…