Le piratage d'électricité n'est plus l'apanage des occupants des bidonvilles puisque même des pères de famille et des chefs d'entreprise s'y mettent. Le larcin n'est plus l'apanage exclusif des voleurs usant d'armes blanches. A Oran, des familles entières et même des chefs d'entreprise se mettent de la partie en effectuant des branchements illicites exposant la vie de plusieurs centaines de familles au danger. La Sonelgaz vient de mettre un annuaire spécial contenant 4400 habitations alimentées illégalement en électricité. «Ces habitations ont été prises en flagrant délit de piratage d'électricité» apprend-on. Des constats de vol ont été élaborés par les huissiers de justice chargé de constater les préjudices causés. Les contrevenants, destinataires de mises en demeure, encourent des grosses amendes. La société chargée de l'alimentation de la ville est passée à l'action en traduisant devant les tribunaux près de 300 pirates dont la responsabilité est avérée après l'établissement, par les agents de contrôle, des procès-verbaux de contravention. Les constats établis sont de plus en plus surprenants. Le piratage d'énergie n'est pas l'apanage exclusif des occupants des bidonvilles et des habitations anarchiques, tel qu'il a été constaté dans un passé récent. A en croire les agents et les sous-traitants de Sonelgaz, la supercherie semble bien se généraliser dans plusieurs quartiers, cités et même dans les zones d'activité industrielles. Les branchements illégaux sont devenus des actions banales. La méthode est toute simple. Il suffit de dévier les fils devant alimenter les habitations via le compteur en procédant aux branchements francs et directs. Une consommation gratuite sans pour autant courir le risque d'être débusqué par les agents contrôleurs. Outre ces méthodes, d'autres procédés viennent aggraver la situation. Les magouilleurs usent et abusent des conditions exceptionnelles en mettant à leur profit des situations dans lesquelles l'entreprise n'intervient pas, comme par exemple au niveau des habitations qui ont été déconnectées du réseau pour défaut de paiement. Une fois que les employés de Sonelgaz achèvent leur besogne, d'autres agents, peu soucieux des risques qui peuvent en découler, prennent le relais. A ce sujet, les opérateurs et plusieurs sous-traitants de la Sonelgaz sont unanimes, les piratages prennent des proportions inquiétantes. «Il ne passe pas un jour sans qu'il y ait découverte de plusieurs oeuvres opérées par ces nouveaux pirates d'énergie», indique-t-on. Les pertes financières sont énormes. Ajouter à cela les désagréments causés quotidiennement. A la faveur des branchements illicites et la surcharge constatée des réseaux d'alimentation, les coupures d'électricité sont à la fois fréquentes et désastreuses.