A l'invitation de l'association Greenpeace-Essalam El Akhdar, de Tiaret, un café-débat a réuni, samedi après-midi, à l'ex-école de l'église sainte Magdelaine, une brochette de personnalités et de militants écologiques pour débattre de la problématique des espaces verts à Tiaret. Disons plutôt de la thématique liée à la préservation de l'espace vert. «Pour une première, ce fut relativement une réussite», diront, unanimes, les participants, tant pour l'association, dont le président, Mohamed Ghouzi Refassi, qui en est l'initiateur, que pour ceux qui vouent un amour presque charnel à leur cité. «Une ville à la fois happée par le béton et dont les assiettes foncières à haute valeur vénale restent convoitées par les tenants de la promotion immobilière mal pensée», a-t-on laissé entendre. Après avoir brossé un tableau plutôt morose sur l'état du couvert végétal et des plantations sauvages qui n'ont pas lieu d'être à l'heure des progrès technologiques, Lakhdar Chouikhi, militant écologique, élu de l'APW et président de l'association écologique ADAM, a le premier pris la parole pour situer la donne en évoquant «l'absence de pépinières à Tiaret; mais aussi de jardins, mis à part deux (Bouscarin, en état d'abandon, et Bouchareb ex-Le monument aux morts), légués par les colons français». S'agissant des plantations sauvages, la pédologie et «les absurdités commises au nom de la nature, à l'exemple de cette plantation de palmiers le long de certains boulevards», l'orateur a fait des propositions fort intéressantes à destination de la nouvelle entreprise «Tiaret-Nadhafa» créée pour suppléer l'externalisation de certains services à l'APC. En charge des espaces verts, en plus de ses activités principales, comme l'enlèvement des déchets ménagers et l'éclairage public, cet Epic a été dernièrement doté d'une conséquente enveloppe de 95 milliards mais, comme dira Chouikhi, «si cette entité ne s'attelle pas à créer une pépinière et à élaborer une cartographie des besoins, les objectifs ne seront jamais assurés», encore moins à arriver à planter des centaines de milliers d'arbres dans un territoire dont le couvert végétal ne dépasse pas les 7%. Un tour de table passionnant secoué par saccades, à l'exemple des interventions de l'ex-maire, Abdelkader Bouakkaz, notre collègue, Ahmed Farrah, et bien d'autres, qui ont permis de retenir «la nécessité de procéder à l'élaboration d'une charte, de répertorier les espèces d'arbres, de préparer un cahier des charges par l'entremise d'un concours d'idées en impliquant de jeunes architectes, entre autres». Une idée a jailli, mais n'a pas pour l'heure suscité l'adhésion, s'agissant de l'initiation d'une pétition. Au-delà, et après avoir recentré le débat, tout le monde a insisté sur l'urgence d'entreprendre toutes les démarches visant à préserver les lieux devant servir à la réalisation d'espaces verts, à l'image de celui qui a valu un sit-in au mois de juin dernier. Les participants se sont tout de même félicités de l'initiative prise par les autorités de réaliser un grand parc citadin au lieu-dit Teffah mais espèrent y être associés. Il y a lieu quand même de rappeler que le wali, et face aux inquiétudes manifestées par les citoyens de Tiaret s'agissant de la concession de certains terrains dédiés aux espaces verts, a répondu : «Ces terrains sont protégés par des mesures d'urbanisme.» Hier, nous avons appris qu'il a invité les architectes à une rencontre qui tombe fort à propos. L'invitation a été précédée d'une très longue lettre à destination de cette corporation, plus que jamais sollicitée. C'est dire l'intensité du débat qui ne fait que commencer…