Autant dire qu'il s'agit d'un bon début pour ce sport. Un exemple : Nadi Riadi Baladiate Hammamet (NRBH), association à caractère sportif, créée le 23 février 1985 et dont le siège est à Baïnem (Alger). Elle est le fruit d'un long travail et d'un défi relevé face à de nombreux obstacles. Travail fait par le bureau de l'association sportive communale (CSA) de l'époque. Pour cause : le manque d'infrastructures sportives. En dépit de cela, le CSA a pu convaincre l'exécutif de l'APC de l'importance et de l'utilité de la pratique sportive et de la nécessité de réaliser des projets appropriés. Cette association a fixé ses objectifs selon un plan d'action qui a tenu compte des réalités et des problèmes sur le terrain. Démocratisation d'un sport Son programme est étalé sur trois étapes. D'abord, le court terme avec la création de sections sportives qui ne nécessitent ni de gros moyens matériels et financier ni des infrastructures spécifiques aménagées. En suite, le moyen terme avec le recensement des sites susceptibles d'accueillir des espaces sportifs ne nécessitant pas de gros investissements en vue de leur aménagement. Enfin, le long terme avec la réalisation du projet de faire un club sportif de performance et de préserver les acquis en matière de biens immobiliers et matériel sportif. Autre ambition des membres du CSA : créer au niveau de chaque section sportive spécialisée, une école de formation et d'initiation. La finalité est d'impliquer les établissements scolaires implantés dans la commune. Le NRBH propose plusieurs disciplines : la pétanque, le volley- ball, l'athlétisme, les arts martiaux, le handball et la voile. Mais en cette saison estivale, c'est la voile qui séduit le plus. Le club de voile a été fondé, grâce à des passionnés, en 1991 avec 62 athlètes dont 20 filles et 42 garçons. Haïder, 38 ans, était déjà responsable de ce club à l'âge de 23 ans. Il avoue avoir surmonté plusieurs difficultés pour atteindre l'objectif du groupe : «Vulgariser l'activité et la maintenir.» Sihem, la sirène La réussite au championnat national des moins de 11 ans en 1993 était un déclic d'une série de performances et de titres avec si peu de moyens. Les champions sont même arrivés à se faire connaître auprès des tutelles, fédérations, ligues ou clubs sportifs concurrents. Ils parviennent à constituer une vitrine de titres et d'athlètes assez importante. Le NRBH était même le seul club algérien à avoir formé une équipe féminine dans le 4.70 (modèle de bateau). Au bout de 13 ans d'existence, le NRBH a obtenu de nombreux titres : champion arabe au Koweït en 1997, catégorie optimist (de 11 à 15 ans), vainqueur de la coupe arabe à Beyrouth en 1998 catégorie optimist, champion du Maghreb à Casablanca en 2000 catégorie laser, 3e au championnat d'Afrique à Alexandrie en 2001 et 4e au championnat maghrébin catégorie optimist hommes en 2002. Ce titre a été décroché par le déjà champion du monde arabe du Tayeb Bouraï. Cela dit, la fierté du club est une jeune fille de 20 ans. Sihem Lazib : taille moyenne, cheveux châtain, aimable et surtout modeste. Elle a remporté le titre de championne du monde arabe catégorie laser radial dames à Doha au Qatar. Sihem a fait des prouesses au point de se placer avec les garçons. Sous les éloges de son président, qui la suit depuis qu'elle a commencé à l'âge de 11 ans, la qualifiant de «la championne», elle a fait le meilleur parcours dans son club. Elle était la première à avoir obtenu le titre de championne d'Algérie série optimist. Contrairement à d'autres filles qui n'ont pas voulu continuer leur parcours pour une raison ou pour une autre, Sihem a défié tout le monde. Elle a choisi de suivre les pas de son frère qui faisait de la voile, encouragée par son entourage et par les bonnes conditions réunies au sein de son club. Ce qui l'a aidé à percer et même à rejoindre l'équipe nationale. Née le 28 août 1984, étudiante en électronique, elle essaye, tant bien que mal, de garder la cadence entre ses études, qu'elle avoue être difficiles, et le sport qui est sa passion. Elle souhaite remporter les Jeux panarabes qui doivent avoir lieu en Algérie. Son entraîneur avoue être inquiet pour le manque de moyens au niveau national. «C'est une industrie qui n'est pas forcément rentable dans le court délai parce que c'est avant tout un loisir, il est placé dans la réglementation comme matériel de plaisance. Ainsi la TVA est de 21%, contrairement à d'autre sports où elle est de 7%», nous explique l'entraîneur. La volonté de certains et la passion d'autres ont fait de cette discipline ignorée un sport reconnu, car le facteur humain reste important pour la réussite, malgré le manque de matériel ou d'infrastructures. Pour terminer, relevons une anecdote ayant trait à ce sport, il y a quelques années, trois petits garçons prenaient un plaisir fou à énerver les membres du club, qui descendaient leur matériel à la plage pour s'entraîner. Dès que ces derniers tournaient le dos, s'attelant à leur tâche, ces diablotins profitaient de l'occasion pour jeter certains objets dans l'eau. Quelque temps après, devenus athlètes performants s'il vous plaît, nos trois compères ont un œil particulièrement vigilant sur leur matériel ! Comme quoi, un homme averti…