A nous les écrans, l'association que chapeaute Salim Aggar, a organisé jeudi dernier à la salle ABC d'Alger-Centre une soirée consacrée aux courts métrages. Le thème est tout trouvé : « La femme dans le court métrage ». Deux réalisateurs, Sabrina Draoui et Rachid Benallal, étaient présents et se sont soumis au jeu des questions réponses d'un public passionné par un genre qui retrouve une vigueur : le court métrage. Sauf que c'est plus la thématique que la durée des films qui semble retenir le public habitué des « sous-sols » de la salle ABC. Au programme, cinq courts métrages : Goulili de Sabrina Draoui, Pimprenelle de Yamina Benguigui, Pelote de laine de Fatma-Zohra Zamoum, Vois-moi de Omar Moulduira et Eternel féminin de Rachid Benallal. Benallal, associé dans beaucoup de films, raconte sa « courte » expérience d'à peine 3 minutes. Le genre est intéressant, soutient-il, et ne pose pas de problème de gymnastique financière délicate, provoquant la colère du réalisateur Bachir Draïs qui s'en prend à des créateurs qui « servent la soupe au système » qui a de l'argent mais ne le distribue qu'à quelques privilégiés. Le hidjab est pris comme sujet par le réalisateur, qui se défend de vouloir donner une vision toute faite de ce geste. La femme, dans son film, a pris la résolution de mettre le voile et d'un geste libère un oiseau enfermé dans une cage, au retour du marchand de voiles qui arbore une barbe. Plus élaboré, le film Goulili de Sabrina Draoui est projeté en présence de la réalisatrice. Autrement plus intéressant, il raconte les déchirements et les chamailleries de deux jeunes filles qui ont chacune une vision du monde. L'une est dévergondée, l'autre avertie et plus sage. Les scènes de tiraillements presque physiques se déroulent dans un huis clos qui en dit long sur les déchirements d'une société qui ne trouve plus ses marques. La femme est le symbole des heurts et clashs vécus entre une tradition pas toujours respectée et une modernité jamais assumée. Beau film qui n'a pas eu la grâce des membres du jury à Taghit. Fatma-Zohra Zamoum a fait voir, pour sa part, le vécu d'une femme émigrée, enfermée par un mari difficile auquel elle réussit à « échapper » par des subterfuges. La femme est ici libérée de l'emprise d'un mari volage mais qui ne badine pas avec les traditions quand il s'agit de sa femme. Autrement plus connue, Yamina Benguigui fait voir aussi le racisme dans sa dureté. Les moments, jeudi dernier, étaient courts mais les questionnements de l'assistance sont toujours longs et prennent du temps. Salim Aggar sait reconnaître les choses qui sont bien tournées, à Alger ou ailleurs. Chaque jeudi, des rencontres sont organisées à la salle ABC, rue Didouche Mourad, Alger-Centre.