Un pistolet automatique, 7 fusils, 8100 capsules pour cartouche de fusil, 234 cartouches pleines, 37 paires de jumelles, tous ces objets, pourtant prohibés et tant d'autres, constituent les plus importantes saisies des douanes de la région de Annaba en 2008. Annaba De notre bureau S'agit-il là d'un nouveau courant de fraude, qui annonce la mise en place de la criminalité organisée dans la région est du pays ? Car « la criminalité organisée, largement à l'origine de ces trafics, se caractérise aujourd'hui par une grande diversité. La libéralisation des échanges, la corruption, les zones de non-droit, la grande souplesse de circulation des informations, des flux commerciaux et des flux financiers comportent, en effet, d'indéniables risques de dissimulation d'activités criminelles », explique une source sécuritaire. Dans ce trafic, les frontières terrestres demeurent toujours, souligne par ailleurs le premier responsable des douanes à Annaba, la voie privilégiée des trafiquants, puisque l'essentiel de ces saisies a pu être enregistré au niveau des postes frontaliers d'El Tarf et de Souk Ahras. Pour mieux maîtriser ce fléau avant qu'il ne se généralise et ne se banalise aux yeux de ses auteurs, 8 nouveaux postes de surveillance, en phase de réalisation, seront mis en place dans ces deux régions frontalières. Les agents devant être affectés à ces postes, au nombre de 40, sont appelés à travailler en étroite collaboration avec les Gendarmes gardes-frontières (GGF) et les services de sécurité tous corps confondus. Il faut dire que la fraude, instable par nature, s'adapte sans cesse aux évolutions de l'environnement. Ces évolutions sont nombreuses et leur impact sur l'économie est immédiat, notamment en matière de contrefaçon. Ainsi, les risques liés à ces trafics sont amplifiés par la libéralisation croissante des échanges de marchandises et la libre circulation des personnes. Ce qui a poussé les spécialistes du trafic en tous genres à répartir les risques et les profits sur plusieurs activités illicites. Articles électroménagers, pièces de rechange, effets vestimentaires, cigarettes issus du marché de la contrefaçon sont devenus les produits phares des animateurs de ce juteux commerce alimenté en grande partie par les pays d'Asie du Sud-Est (particulièrement la Chine) et la Turquie. Les saisies réalisées en 2008 par les douaniers de la région de Annaba sont édifiantes. En effet, outre une trentaine de véhicules bourrés de pièces détachées, une dizaine de motos, plus de 1000 appareils électroménagers tous contrefaits ont été confisqués au niveau des différents postes frontaliers dont ceux d'El H'dada (Souk Ahras), Oum T'boul et El Ayoun (El Tarf). Quant à la contrebande de cigarettes, endémique et traditionnelle dans les frontières sud du pays, elle commence à prendre de l'ampleur à l'est du pays. Avec une autre saisie et non des moindres, c'est un autre courant de fraude qui commence à souffler. Il s'agit de l'exportation ou l'importation illicite d'articles d'orfèvrerie et de pierres précieuses. Les prises enregistrées en 2008 donnent le vertige. En effet, des manœuvres tendant à importer frauduleusement plus de 334 kg d'articles en argent et plus de 34 kg de perles de zircon, un minéral très utilisé en joaillerie pour imiter le diamant, ont pu être déjouées la même année. De plus en plus aveuglés par le gain facile et faisant fi de toute loi, les trafiquants n'ont pas hésité à se rabattre sur les produits médicamenteux malgré leur totale méconnaissance des sensibles spécificités de ce type de produits. Ainsi, en plus des dizaines de lots de médicaments à l'origine et à la qualité plus que douteuses, 1380 unités de fil chirurgical et 1372 autres unités destinées à la procréation ont fait l'objet de saisie au niveau des postes frontaliers aériens et terrestres. Face à la multiplication et à la diversité de tous ces cas de fraude et des procédés auxquels ils ont recours, la maîtrise du trafic à l'est du pays n'est pas pour demain.