Un tir de missile présumé américain a tué, hier, vingt-sept insurgés supposés dans une région tribale pakistanaise, près de la frontière afghane, a annoncé un responsable de la sécurité pakistanaise, après un premier bilan faisant état de cinq morts. La frappe de missiles a détruit un repaire d'insurgés dans la ville de Ladha (nord-ouest) un fief du chef du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), Baïtullah Mehsud, a indiqué ce responsable. « Deux missiles ont été tirés sur un repaire de talibans dans le Waziristan du Sud, tôt hier, et jusqu'à maintenant, vingt corps ont été dégagés », a précisé le responsable. Le bilan a été confirmé par un autre responsable des services de sécurité, précisant que deux militants arabes d'Al Qaïda figuraient parmi les victimes. Selon des résidants, des combattants talibans ont aussitôt encerclé le lieu visé par les missiles, un endroit isolé, empêchant quiconque d'y entrer. Baïtullah Mehsud, chef des talibans pakistanais, liés à Al Qaïda, est accusé d'avoir fomenté l'assassinat de l'ex-Premier ministre pakistanais, Benazir Bhutto, en 2007. Dans la région, seules l'armée américaine et la CIA, qui opèrent dans l'Afghanistan voisin, disposent de drones, des avions sans pilote. Ces tirs de missiles sont devenus fréquents ces derniers mois dans les zones tribales et Islamabad proteste à chaque fois. Les médias américains et pakistanais rapportent régulièrement qu'il existe un accord secret entre les Etats-Unis et le Pakistan pour autoriser ces frappes. Sous la pression de Washington, Islamabad a lancé récemment son armée dans des offensives dans plusieurs districts des zones tribales. En ce qui le concerne, le président pakistanais, Ali Zardari, a reconnu que les talibans étaient désormais très présents dans son pays et que les forces pakistanaises se battaient pour la « survie » du Pakistan. Dans une interview qui sera diffusée aujourd'hui sur la chaîne américaine CBS, le président Zardari a dit que les Pakistanais avaient mis du temps à considérer les talibans comme une menace. « Les talibans sont présents dans beaucoup de parties du territoire de notre côté. Oui, ceci est un fait », a-t-il assuré. « Cela s'est produit avec le temps et s'est produit sans que personne ne l'admette », a-t-il souligné. « Et nos forces n'ont pas été augmentées... Nous avons faibli et ils ont profité de cet affaiblissement. » Mais le président Zardari a assuré que l'armée et les services de renseignement pakistanais soutenaient la lutte contre les talibans. « Si cela n'était pas le cas, alors Islamabad serait tombée, car manifestement si l'armée ne fait pas son travail, ces hommes (les talibans, ndlr) ne sont pas retenus », a-t-il dit.